Johnny Hallyday: les maux d’un rocker abandonné

«Derrière l’amour il y a toute une chaine de pourquoi. Question que l’on se pose, il y a des tas de choses...». Les paroles de cette chanson d’amour, écrites sur mesure par Pierre Delanoë pour Johnny Hallyday, disent beaucoup des interrogations, des tourments sentimentaux, des émotions souvent enfouies du roi du rock français, disparu il y a déjà sept ans le 5 décembre 2017. Dans un ouvrage intitulé Johnny Hallyday, les mots de sa vie  (éditions Leduc), le biographe Bernard Pascuito revient thème par thème, de l’amitié au voyage en passant par l’humanité et la solitude, sur les pensées d’un homme, à la fois bête de scène et personnage timide dans la vie. Nous vous présentons ici un florilège de cet ouvrage qui éclaire la personnalité du chanteur que l’auteur définit ainsi: «Surtout, il ne s’est jamais déparé de cette forme de lassitude qui confine parfois à la mélancolie»

Amitié

Johnny a donné un jour sa définition de l’amitié: «Un ami, c’est quelqu’un qui me donne raison, même quand j’ai tort.» Selon Bernard Pascuito, le rocker a découvert ce sentiment dans les épreuves de la vie. Doué d’un instinct sûr, il aura noué tout au long de son existence des liens forts avec des personnalités aussi différentes, connues ou inconnues, que Philippe Labro, Jean Reno, Gill Paquet, Daniel Rondeau, Jean-Paul Belmondo, Jo de Salernes, Long Chris, Eddy Mitchell... Johnny savait aussi reconnaître le talent de ses pairs. On pense à Brel, Brassens mais aussi à Raymond Devos, le prince des mots, dont il dira: « Cet homme aurait pu tout me demander, je l’aurais fait.»

Jean-Luc Godard

Johnny a tourné un film sous la direction de Jean-Luc Godard, Détective, dans lequel il a partagé l’affiche avec Nathalie Baye. Un jour, le réalisateur lui a donné ce formidable conseil de jeu: «Quand tu joues, fais comme quand tu chantes. Tu es dans un opéra, tu es quelqu’un de solitaire, même s’il y a plein de gens autour de toi, personne ne te comprend, personne n’arrive à t’attraper.» 

Philippe Labro

L’amitié entre Johnny et Philippe Labro commence par une chanson scandaleuse, Jésus-Christ est un hippie, écrite par le futur patron de RTL. Ce sera un succès et à partir de là, leur lien ne cessa jamais. Et à la fin de sa vie, impressionné par sa lutte contre la maladie, Labro lui fit le plus admiratif des éloges: « ...La grâce, enfin, dans sa confrontation à la douleur, la souffrance. Le refus de la mort, une résistance d’acier, un combat dont, jusqu’au dernier jour, il voudra croire qu’il le gagnerait. Un courage inouï venu d’un corps, qui, même, diminué, avait été le corps d’un colosse. Ainsi donc, la grâce aura été l’aboutissement de sa gloire. La gloire et la grâce, tel est le titre du roman de sa vie.»

Noir c’est noir

Cette chanson, une lancinante rengaine, le suivra telle une boussole affolée à chaque carrefour de sa vie. Changeant de couleur et de nuance, voici comment Bernard Pascuito décrit la désespérance de Johnny: « C’est une vie qui a toujours tendu vers le gris, avec quelques fois des nuances plus sombres qui prenaient le dessus. C’était dans son caractère, une manière de ne jamais trouver le bonheur nulle part.» En Fait Noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir...

Sang pour sang

L’histoire d’un titre, d’une relation entre un père et un fils. Cette chanson composée par David Hallyday est le reflet, pour Bernard Pascuito, de la volonté de Sylvie Vartan de ne jamais couper le lien entre le rocker et son enfant. Un lien pétri d’amour et d’admiration. Pascuito écrit: « David n’a jamais été un fils de, mais avec Sylvie comme avec Johnny, il a su se comporter comme un fils digne et aimant.»

Michel Sardou 

« Comme cet oiseau brûlé qui renaît de ses cendres. comme cet oiseau sacré ressemble à s’y méprendre à ta vie, à ton sort, depuis le temps qu’on crie ta mort». Sardou aura rédigé les paroles du Phénix pour graver sur les microsillons son admiration pour Johnny, son grand frère de music-hall. Cette histoire a duré presque 40 ans et puis le temps passant et le goût de la fête avec lui, tout ça s’est perdu dans les limbes du souvenir. Mais la chanson est restée avec la mémoire de la descente des torrents du Colorado. 

Sylvie Vartan

Sylvie et Johnny. Johnny et Sylvie, un amour, le vrai, l’unique celui du temps de la jeunesse et de Salut les copains. Dans Les mots de sa vie, l’auteur écrit: «Elle aurait été la femme de sa vie, s’il n’avait eu qu’une vie. Il avait vingt ans, elle un an de moins. C’était un amour qui respirait l’évidence.» Ensemble, ils ont chanté: « J’ai un problème, je sens bien que je t’aime. Oh, j’ai un problème je crois que je t’aime aussi..».