Les digues actuelles ne parviendront pas à sauver Venise de la submersion selon plusieurs experts

En novembre 2019, la cité des Doges s’est retrouvée inondée par une série de montées des eaux, enregistrant des records avec une marée haute de 1,87 mètre. FILIPPO MONTEFORTE / AFP

Selon l’Institut national de géophysique et de volcanologie en Italie, la hausse du niveau des eaux, des marées extrêmes et l’affaissement du sol de la ville et de la lagune menacent au plus haut point la cité.

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Venise, la ville des amoureux, l’une des plus visitées au monde, pourrait voir une partie significative de sa lagune submergée d’ici 2100 en raison de l’élévation continue du niveau de la mer, exacerbée par l’affaissement du sol. Une étude, publiée mardi 25 mars, menée par l’Institut national de géophysique et de volcanologie en Italie (INGV), met en lumière la nécessité de renforcer dans les décennies à venir les protections la ville contre les inondations.

L’étude, publiée dans la revue scientifique Remote Sensing, a combiné des données géodésiques, satellitaires et topographiques afin d’élaborer des projections précises de l’évolution du niveau de la mer jusqu’en 2150. Les chercheurs ont utilisé des technologies avancées comme les réseaux satellitaires de stations GNSS (Global Navigation Satellite System) et des radars à synthèse d’ouverture pour estimer avec une grande précision les mouvements du sol et l’élévation du niveau de la mer dans la lagune de Venise.

Une élévation de 3,47 mètres d’ici 2150

Les projections sont préoccupantes : selon les scénarios envisagés, Venise pourrait connaître des niveaux de mer bien plus élevés qu’aujourd’hui. En 2100, dans un scénario de hausse du niveau moyen de la mer de 60 cm, des événements de marées extrêmes, comme celles observées en 1966 et en 2019, pourraient faire monter l’eau à trois mètres.

Dans le pire des cas, l’étude prévoit que le niveau de la mer pourrait s’élever de 3,47 mètres d’ici 2150, dépassant la hauteur de trois mètres du système de protection MoSE. Conçu sous forme de digue, cet aménagement à six milliards d’euros a pour but de protéger la ville contre les inondations majeures. Mais si les prévisions des chercheurs se réalisent, 226 kilomètres carrés pourraient être submergés, soit près des deux tiers de la lagune.

Un autre facteur : l’affaissement du sol

Le changement climatique n’est pas la seule cause du risque d’inondation. La ville de Venise fait face également à un phénomène historique d’affaissement du sol, qui aggrave la vulnérabilité de la lagune. Ce phénomène, où le sol de la ville s’enfonce à un rythme allant jusqu’à 7 millimètres par an, expose encore davantage les zones les plus basses de la lagune aux risques d’inondation. « Il est nécessaire que les décideurs politiques et les autorités locales mettent à jour au plus vite les plans d’aménagement du territoire et les plans de gestion des risques », alerte Marcel Anzidei, premier auteur de l’étude. « Seule une gestion responsable et consciente permettra de préserver la ville, sa population et un patrimoine culturel unique au monde des conséquences de l’élévation du niveau de la mer attendue dans les prochaines décennies », conclut-il.