Pour la première fois depuis 40 ans, le "Washington Post" ne soutiendra pas de candidat à l'élection présidentielle américaine

A chaque élection présidentielle, le grand quotidien américain avait pour habitude de prendre position en faveur d'un candidat. Mais cette année, et pour la première fois depuis quarante ans, pas d'"endorsement" pour le "WaPo". Ni Kamala Harris, ni Donald Trump. "Le 'Washington Post' ne soutiendra aucun candidat à la présidentielle lors de cette élection, ni lors d'aucune autre élection présidentielle à venir", a déclaré Will Lewis, le directeur général du journal, dans un communiqué publié vendredi 25 octobre. Nous revenons à nos racines qui consistent à ne pas soutenir de candidats à la présidentielle."

"Nous sommes conscients que cela sera interprété de différentes manières, comme le soutien tacite d'un candidat ou bien la condamnation d'un autre, ou comme un renoncement à nos responsabilités. C'est inévitable", précise William Lewis qui rappelle que la mission du Washington Post est de proposer "une information non partisane".

Cette décision a suscité une indignation générale parmi le personnel du journal. "De nombreux membres du comité de rédaction sont surpris et en colère", s'est ému un salarié à CNND'après le site Columbia Journalism Review, "deux membres du conseil d'administration du 'Post', Charles Lane et Stephen W. Stromberg, ont travaillé sur des ébauches d'un projet de soutien à Harris".

Marty Baron, ancien directeur exécutif du journal, a vivamenet réagi sur X. "Ceci est de la lâcheté, dont la victime est la démocratie. Donald Trump verra cela comme un encouragement à intimider davantage Jeff Bezos (et d'autres)", écrit-il.

La décision de ne pas prendre position viendrait tout simplement du propriétaire du journal : Jeff Bezos. "La décision de ne plus publier les lettres de soutien à Harris a été prise par le propriétaire du Post, le fondateur d'Amazon Jeff Bezos, selon quatre personnes informées de la décision", peut-on dans cet article.

Une crise au "Los Angeles Times" également

Plus tôt cette semaine, Patrick Soon-Shiong, le milliardaire propriétaire du Los Angeles Times, a également bloqué la publication d’un éditorial en soutien à Kamala Harris. Ce qui a provoqué la démission de plusieurs figures du journal, dont la rédactrice en chef des pages éditoriales, Mariel Garza. "Cela nous fait apparaître lâche et hypocrite, peut-être même un peu sexiste et raciste", a-t-elle réagi dans sa lettre de démission, publiée par la Columbia Journalism ReviewPatrick Soon-Shiong a tenté de se justifier. "Je crois que ma peur, c'est qu’en choisissant l'un des deux candidats, on ne ferait qu'ajouter à la division", a-t-il confié à Spectrum News.

Au même moment, le Philadelphia Enquirer et le Houston Chronicle soutenaient, eux, officiellement Kamala Harris. "L'Amérique mérite bien plus qu’un aspirant autocrate qui ignore la loi, se présente pour éviter la prison et ne se soucie de personne d'autre que de lui-même", a écrit le comité de rédaction de l'Inquirer.