Leçon retenue, faible Man U, Cherki le «british»... Pourquoi l’Olympique Lyonnais doit croire à une demi-finale européenne
Envoyé spécial à Lyon
L’OL a du cœur, le message doit être retenu
Dans les travées du Groupama Stadium jeudi soir, Paulo Fonseca et ses joueurs n’ont pas caché leur double sentiment. Entre soulagement et frustration. Forcément heureux du but égalisateur de Cherki en fin de match (2-2), qui change tout dans l’approche du quart retour jeudi prochain, les Lyonnais ont pris conscience d’une chose : Manchester United est largement dans leur corde. Mais en manquant de justesse dans le dernier geste et en n’étant pas assez solide défensivement, l’OL s’est rendu la tâche moins facile. «Nous avons montré nos qualités et que nous pouvions rivaliser avec eux peu importe leur histoire, plante Clinton Mata. On ne parle pas du passé, ce qui compte c’est aujourd’hui. Nous sommes largement meilleurs qu’eux.»
Une sortie quelque peu excessive, mais l’OL (1 défaite sur ses 8 derniers matches) a des raisons d’y croire. Si Lyon met autant de cœur, d’agressivité et se montre plus réaliste à Old Trafford. Sans être impressionné par le contexte anglais et le fameux «Théâtre des rêves». «Manchester est très dangereux sur les transitions offensives, nous pouvons nous améliorer là-dessus», avance Paulo Fonseca, qui espère récupérer Malick Fofana la semaine prochaine et qui doit bien gérer le déplacement à Auxerre dimanche en Ligue 1 tandis que Man U bataillera face à Newcastle en Premier League.
Manchester n’est pas une grande équipe
Dans une ambiance des grandes soirées européennes, avec une affluence record (58.018 spectateurs), le CV de Manchester United (3 C1, 20 titres de champion d’Angleterre) et l’enjeu d’un quart de finale européen ont convaincu les gens de se rendre au stade. Une fois la rencontre terminée, difficile de s’enthousiasmer sur ces Red Devils, invaincus en Europe et 13es en Premier League.
Les hommes de Ruben Amorim se font fait bouger par l’OL, avec une défense à 5 trop basse, des milieux inexistants et un Hojlund qui a erré sur la pelouse. Sans oublier « Calamity » Onana, qui a donné raison à Matic sur son niveau de jeu. Le tableau d’ensemble fait pleurer les nostalgiques du grand Manchester et le chantier est colossal pour le coach portugais. Le niveau des individualités interroge et le projet collectif frôle le néant… L’OL, s’il veut s’offrir une épopée européenne, doit en profiter. Aujourd’hui, ce Manchester n’a de grand que sa légende.
À lire aussi Lyon-Manchester United : en vidéo, les deux buts qui permettent à l’OL de croire au dernier carré de la Ligue Europa
Cherki veut marquer l’Angleterre... qui n’attend que ça
Lyonnais le plus remuant, décisif avec son but en fin de match et remonté comme une pendule face aux médias après la rencontre - symboles de sa confiance et maturité -, Rayan Cherki est déjà tourné vers le retour à Old Trafford. Il a rendez-vous avec l’Angleterre qui lui fait les yeux doux depuis sa démonstration avec les Espoirs contre les Britanniques (5-3, deux passes décisives) le 21 mars dernier.
Dans un collectif lyonnais privé de vitesse avec les blessures de Nuamah-Fofana et donc de solutions pour son jeu, Cherki a pris ses responsabilités jeudi soir, sans pour autant régner totalement sur la rencontre. A Manchester, lui qui devrait quitter le Rhône cet été, se sait attendu de toute part par les supporters et observateurs anglais. Un contexte qu’il adore et pour lequel il estime être prêt (10 buts et 18 passes décisives cette saison, toutes compétitions confondues). Les grandes soirées appartiennent au grand joueur, Cherki n’est pas encore de cette trempe. À lui de marquer les esprits. Et de changer de dimension.
Lacazette et Mikautadze vont se réveiller
Si Lyon peut s’en mordre les doigts ce vendredi, avec son manque de réalisme, il le doit aussi à ses attaquants. Préféré à Alexandre Lacazette (9 matches, 3 buts en Ligue Europa, 36m, 14b et 2 pd toutes compétitions confondues) jeudi soir dans la rotation opérée par Fonseca (4 titularisations chacun sur les 8 derniers matches), Georges Mikautadze (10m, 4b et 4 pd en Europe, 40m, 14b, 8 pd toutes compétitions confondues), dans une position couvrant le côté gauche et l’axe, a raté le premier acte dans les grandes largeurs. Avant de retrouver des couleurs lors de la seconde période, proposant plus de vitesse, de percussion et de maîtrise technique. Sans pour autant se montrer précis dans le dernier geste. Idem pour Lacazette, qui a eu deux balles de but pour mettre tout le monde d’accord, sans y parvenir. Si l’Olympique Lyonnais veut se hisser en demi-finale et châtier Man U, l’attaquant choisi jeudi prochain sait ce qu’il doit faire. Être efficace et plus tueur.