Charles Baudelaire, absolument moderne, absolument réactionnaire

Le revoilà donc, celui qui fut tout cela à la fois poète fauve, tourmenté en diable, moraliste féroce et tendre, critique d'art avisé, dandy persifleur, traducteur, pamphlétaire, mélomane jusque dans son verbe, chroniqueur et feuilletoniste, correspondant privilégié du Bien et du Mal, hanté par le néant et le gouffre de nos vices. Voilà un siècle et demi que Charles Baudelaire résiste aux fluctuations du temps, aux caprices de la postérité littéraire, aux aléas du prestige posthume. Et qu'il nous parle toujours. Et comment !

En 1931, il était intronisé dans la Pléiade, premier opus de cette nouvelle collection au format poche sur papier bible, acquise ensuite par les éditions Gallimard. Suivirent de nouvelles éditions enrichies, complétées par sa correspondance en deux volumes, aujourd'hui rééditée sous coffret, et une mise à jour de son œuvre au grand complet, qui vient de paraître. Deux volumes superbes, qui ont le mérite et l'audace de dérouler son œuvre au complet, suivant l'ordre chronologique de publication, depuis Le Salon de 1845 jusqu'aux derniers aphorismes, avec une présentation de l'académicien Antoine Compagnon. En prime, l'album Pléiade richement iconographié qui lui est consacré, et composé avec goût et brio par Stéphane Guégan, spécialiste du XIXe siècle et biographe de Théophile Gautier, le dédicataire des Fleurs du mal. Compagnon, qui dans sa préface, nous rappelle : « Baudelaire fut à la fois le découvreur de la modernité comme beauté à extraire du présent (…) et le critique le plus intransigeant du monde moderne comme fuite en avant, foi éperdue dans le progrès, et serpent se mordant la queue. »

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