Tout est parti d’un message publié le 17 août sur X par l’eurodéputée insoumise Rima Hassan dans lequel elle écrit trois noms, celui de l’artiste tunisien Balti, celui de la journaliste Nesrine Slaoui et enfin celui de l’imam Hassen Chalghoumi. Leur point commun ? Tous les trois tiennent sur le conflit israélo-palestinien un discours aux antipodes de celui de l’eurodéputée propalestinienne, régulièrement accusée de reprendre les arguments du Hamas. L’élue de gauche, elle, les accuse d’être pro-israéliens. S’en étant pris avec vigueur aux deux premiers, elle représente à côté de leur nom une case cochée, comme si le travail était fait. À côté de celui du président de la conférence des imams de France, grand partisan du dialogue islamo-juif, elle publie un émoji en forme d’horloge, comme si son cas était toujours en cours.
Ce geste a été largement perçu comme une désignation explicite, voire une menace à peine voilée contre celui qui est parfois qualifié d’«imam des juifs». En novembre 2023, ce dernier confiait à Ouest-France «payer très cher (s)on amitié avec les juifs». En avril 2024, il déclarait, cette fois dans Le Parisien, que «porter le conflit israélo-palestinien dans l’arène politique française» lui paraissait «irresponsable». En juillet de cette année, il se rendait à Jérusalem avec une délégation d’imams européens pour rencontrer, notamment, le président israélien. Pour Rima Hassan et d’autres pourfendeurs d’Israël, Hassen Chalghoumi est complice de ce qu’ils nomment le «génocide» en cours à Gaza.
Passer la publicitéPour les proches de l’imam au contraire, aujourd’hui, ce message de l’eurodéputée insoumise sur X revient à le désigner comme cible. «C’est une véritable fatwa que Rima Hassan lance envers Hassen Chalghoumi», s’est insurgé Ariel Goldman, le président de la Fondation du Judaïsme Français. Une « fatwa », qui désigne à l’origine un avis juridique religieux, est devenue, notamment depuis celle prononcée contre Salman Rushdie en 1988, le symbole fanatique de condamnation à mort de personnes accusées de dénigrer l’islam. L’imam a lui-même relayé ces réactions sur ses réseaux et annoncé à i24News avoir porté plainte contre l’élue.
Face à l’ampleur de la polémique, Rima Hassan, loin de reculer, a réitéré lundi 18 août sa publication, reproduisant à nouveau l’émoji polémique. Elle a, dans la foulée, mis en cause le financement de l’avocat de Chalghoumi, qu’elle a présenté comme membre du bureau exécutif du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF).
Cette réaction, teintée de défi, a aussitôt été interprétée comme une provocation supplémentaire par les soutiens de l’imam, comme Pernelle Richardot, élue socialiste, qui a commenté sur X : « Et ? Le vôtre est Me Vincent Brengarth, avocat d’Abdelhakim Sefrioui condamné à 15 ans de réclusion criminelle pour “association de malfaiteurs terroriste criminelle”, dans le cadre du procès de l’assassinat de Samuel Paty. Tout un symbole, non ? » En qualifiant le geste de l’eurodéputée de « fatwa », les soutiens d’Hassen Chalghoumi entendent alerter sur la portée symbolique d’une telle désignation publique. Interrogé par Le Figaro, l’avocat de l’imam n’a pas réagi à cette heure.