Médicaments anti-obésité: les modalités de prescription assouplies
Les prescriptions de Wegovy et de Mounjaro, deux médicaments destinés à traiter l’obésité et commercialisés depuis peu en France, devraient augmenter sensiblement dans les prochains mois. À l’occasion d’une visite à Chartres, où le laboratoire Novo Nordisk a annoncé en 2023 investir plus de 2 milliards d’euros pour doper sa production, le ministre de la Santé, Yannick Neuder, a annoncé que les conditions de prescription de ces médicaments pourraient être assouplies.
À ce jour, le Wegovy et le Mounjaro ne peuvent être pour la première fois prescrits que par un médecin spécialiste en endocrinologie-diabétologie-nutrition, ou compétent en nutrition. Or le nombre de ces praticiens est limité, et les listes d’attente pour obtenir un rendez-vous, à rallonge. Dans certains centres dédiés au traitement de l’obésité, l’attente peut durer un an. «Cela crée une inégalité forte entre patients», regrette Étienne Tichit, le directeur général de Novo Nordisk en France. Cela contribue aussi à expliquer que les prescriptions de ces médicaments, par ailleurs non encore remboursés par la Sécurité sociale, restent en faible nombre comparé à d’autres pays.
10 millions de patients potentiels
En France, 23.000 patients sont actuellement sous Wegovy, le médicament anti-obésité de Novo Nordisk, disponible en France depuis l’été 2022 en accès précoce, et depuis octobre pour l’ensemble de la population éligible. Son concurrent, le Moujaro du laboratoire américain Eli Lilly, est arrivé sur le marché au mois de novembre. Selon Iqvia, il s’en était vendu 8200 en avril. Des chiffres bien faibles comparés aux 10 millions de personnes souffrant d’obésité et susceptibles d’être traitées selon les critères fixés par l’Autorité européenne du médicament (EMA).
Lorsque ces conditions de prescription auront été assouplies, «nous nous trouverons en France dans une situation comparable à celle des autres pays, explique Étienne Tichit. En Europe, 750.000 patients reçoivent du Wegovy. Il y a un écart énorme avec les ventes françaises, alors même que les conditions de remboursement sont en général les mêmes». Novo Nordisk comme Eli Lilly espèrent par ailleurs obtenir le remboursement de leur médicament dans les prochains mois, au moins pour une fraction des patients concernés. Il en coûte aujourd’hui entre 6 à 9 euros par jour de la poche des patients pour être traités.