Qui va s’offrir les montres (et les horloges) du Général de Gaulle ?

Certaines ventes font l’histoire, d’autres sont l’histoire. La dispersion de documents et souvenirs de familles liés à la vie de Charles de Gaulle marie grande et petite histoire, celle d’un pays et celle d’un homme et de sa famille.
plus de 350 lots seront proposés chez Artcurial, à Paris, le 16 décembre, à l’occasion de cette vente unique et historique. Une partie du produit de la vente sera reversée à la Fondation Anne de Gaulle.

Une montre à gousset de Charles de Gaulle. Artcurial

Parmi ces lots figurent tant des montres que des horloges ayant appartenu à l’homme de l’Appel du 18 juin 1940. Certaines peuvent d’ailleurs étonner par la modicité de leur estimation. Ainsi, les montres à gousset de famille ne sont estimées qu’à quelques centaines d’euros. Nul doute que, pendant la vente, elles n’en resteront pas là qu’il s’agisse d’une montre de gousset en or jaune (400/600 €) signée L. Leroy et Cie, portant la mention « L. Leroy & Cie Horlogers de la Marine 7 Bd de la Madeleine Paris No. 3874 », au dos avec des initiales gravées, ou bien d’une montre de gousset savonnette en argent accompagnée d’une chaîne et deux clefs de montres (200/400 €) .

La montre à gousset de Charles de Gaulle. Artcurial

De même, cette vente permet d’apprendre que le Général de Gaulle a aussi porté une montre Longines (Lot 341). Ce modèle à quartz au boîtier tonneau en métal doré et acier lui ayant appartenu est estimé à 200/300 €.

Qui savait que le Général de Gaulle avait possédé une Longines ? Artcurial

La montre de gousset savonnette en or jaune offerte par le Bey de Tunis au général de Gaulle (lot 174 - 4000 / 8000 €) présente une double importance historique. Au vu de ses gravures, c’est une montre de famille que lui a offerte le Bey. Suer son boîtier, on peut lire« Muhammad Al Amin Pasha 1298 » au dos, et une mention manuscrite « En souvenir au Général De Gaulle Tunis 7 Mai 1944 » gravée à l’intérieur du couvercle. Cette montre de fabrication suisse, vers la fin du XIXe siècle, aurait été offerte par le Bey de Tunis pour célébrer le premier anniversaire de la libération de la ville de Tunis. Grand amateur de montres, le Bey de Tunis offrit également au général de Gaulle une montre-bracelet avec cadran émaillé cloisonné à son effigie. Cette montre, sur laquelle il apparaît en tenue d’apparat, est aujourd’hui conservée au Patek Philippe Museum, à Genève.

Montre de gousset savonnette en or jaune offerte par le Bey de Tunis. Artcurial

L’une des stars de la vente sera sans aucun doute le second exemplaire de la montre-bracelet LIP R 27 du Général de Gaulle. (est. 6 000 – 10 000 €). Une première, également cédée par la famille, avait été adjugée chez Artcurial pour 32500 € il y a quelques années. Cette montre-bracelet aurait été portée par le général de Gaulle à partir de 1958 puisqu’elle fait partie des toutes premières séries produites. Elle reposait en revanche certainement, en alternance avec sa jumelle, sur sa table de nuit. Cette montre est issue de la série du modèle Lip équipée du calibre R 27, le modèle étant à l’époque une prouesse technologique. 

L’autre exemplaire de la montre-bracelet LIP R 27 du Général de Gaulle. Artcurial

Cette pièce est d’autant plus intéressante qu’elle possède au dos du boîtier la mention « Patent Pending », ce qui atteste qu’il s’agit d’un modèle spécial, car cette terminologie est utilisée pour désigner les premiers exemples sortis d’ateliers. Ce modèle équipé d’un calibre R 27, dit à 2 piles, a été commercialisé de 1958 à 1960. Le calibre R 27 est particulièrement atypique et a donné son nom au modèle. À l’époque, ce fut l’une des toutes premières innovations dans le domaine et cette prouesse du « génie français » fut mise en avant par Charles de Gaulle, alors Président de la République.

L’autre exemplaire de la montre-bracelet LIP R 27 du Général de Gaulle. Artcurial


La pendulette de table offerte par la sœur de John Fitzgerald Kennedy, Eunice, et son mari Sargent Shriver, à l’occasion de Noël 1969 est aussi un des lots horlogers les plus intéressants de cette vente. Son mari, Sargent Shriver, homme politique américain et diplomate présent aux côtés de JFK lors du début de son mandat, fut nommé ambassadeur des États-Unis en France en 1968, date à laquelle sa femme fonda les premiers Jeux Olympiques Spéciaux.
Signe de la proximité entre les dirigeants des deux continents malgré leurs désaccords politiques, il s’agit qui plus est d’un modèle signé Bulova, la marque horlogère des Présidents américains (2000 / 4000 €). Dotée d’un mouvement électronique de type Bulova Accutron, elle porte deux plaques avec une dédicace « Merry Christmas 1969 Eunice and Sargent Shriver » avec la mention « General and Madame de Gaulle ».

Pendulette de table offerte par la sœur de John Fitzgerald Kennedy. Artcurial


Figure également dans le catalogue de cette vente exceptionnelle une pendulette électronique LIP en métal doré (2000 / 3000 €), ayant appartenu au général de Gaulle, dans son coffret d’origine ayant obtenu un Bulletin de Marche Chronomètre de Marine délivré par l’Observatoire National de Besançon. Ce chronomètre Piezo-Electronique porte au-dessous une étiquette recensant toutes les interventions faites pour l’huilage ainsi que le changement des piles avec la mention de la date anniversaire du Général de Gaulle surlignée en rouge « 22 Novembre 1968 ».

Pendulette électronique LIP. Artcurial

D’après une tradition orale et familiale, cette pendulette électronique, qui se trouvait sur le petit bureau dans l’appartement de l’Élysée, fut offerte au général de Gaulle par Fred Lip le 22.11.68, jour de son anniversaire. La pendulette porte au dos une étiquette manuscrite, écrite à l’encre noire par son fils, l’amiral de Gaulle. « Se trouvait sur le petit bureau de mon père dans l’appartement privé de l’Élysée, lui avait été offerte à l’occasion de son anniversaire ».