Education Nationale, Sports et Jeux olympiques: Amélie Oudéa-Castéra, la belle promotion

S'il est bien une ministre qui semblait à l'abri de toute sortie de route gouvernementale avant ce remaniement, c'est Amélie Oudéa-Castéra. A moins de deux cents jours de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris (26 juillet-11 août), « AOC » était assurée de conserver son poste de Ministre des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques. Une évidence au vu de l'immense échéance à venir et surtout de son action depuis sa nomination le 20 mai 2022 dans le gouvernement Borne. Sa belle promotion, ce jeudi, en récupérant l’Éducation Nationale et la Jeunesse était moins attendue... Et elle confirme son attractivité actuelle auprès du Président de la République et du Premier Ministre, qui a déjà annoncé son intention de suivre de près le dossier de l’éducation à Matignon.

Du côté du Ministère des sports, l'ancienne joueuse de tennis, passée par Sciences Po, l'Essec et l'Ena (dans la promotion Léopold Sédar-Senghor d'Emmanuel Macron) après avoir quitté les courts, a en effet réussi là où nombre d'ex-sportifs devenus ministre ou secrétaire d'État, ont échoué : être crédible en matière politique, maîtriser les dossiers compliqués et savoir communiquer dans une matière finalement bien éloignée des terrains de sport.

Des débuts agités

A l'image de ses débuts rendus compliqués par la polémique ayant suivi l'organisation désastreuse de la finale de la Ligue des champions de football au Stade de France et les incohérences (c'est le moins que l'on puisse dire) de Gérald Darmanin sur le sujet, Amélie Oudéa-Castéra a su éviter la majorité des pièges tendus sur sa route depuis sa nomination. Et si Anne Hidalgo ne semble guère l'apprécier, le monde sportif, Tony Estanguet et les organisateurs de Paris 2024 en tête, loue globalement son action et reconnaît sa connaissance des dossiers, sa phénoménale capacité de travail et son intelligence.

Nombreux sont ceux qui ont également souligné son courage de la voir monter au front face à deux présidents poids lourds de fédérations majeures, Noël Le Graët pour le football et Bernard Laporte, qui l'avait précédé dans les canapés du Ministère des sports, avenue de France à Paris, pour le rugby. Deux présidents, l'un accusé d'harcèlement moral et sexuel et l'autre condamné pour corruption, qui ont dû quitter leur poste, tout comme Claude Atcher, l'ancien patron de la Coupe du monde de rugby, également rattrapé par la patrouille. Et même si Laporte a déclaré ce jeudi face aux lecteurs du « Midi Libre » que « dans trois ans, plus personne ne parlera d'elle », Amélie Oudéa Castéra, 45 ans, est bien ressortie grandie de cette passe d'armes, lui permettant de conforter son autorité sur le sport français.

«Une machine de guerre»

Voir l'ancienne dirigeante du groupe Axa, de Carrefour et de la fédération française de tennis, prendre du galon, en récupérant le ministère stratégique de l'Éducation Nationale, tout en assurant le succès des Jeux et Paralympiques de Paris 2024 n'a donc rien de surprenant. Et confirme que son ancien camarade de promotion, passionné de sport, approuve son travail. Un simple passage dans son bureau du Ministère des sports, où elle avoue se délecter de chocolats et s'exprime à coups de phrases bien pensées et à un débit mesuré, permet de mieux comprendre la puissance de la « machine de guerre qu'est Amélie Oudéa-Castéra», selon l'expression d'un acteur majeur du sport français. Une puissance que ses détracteurs n'hésitent pas à traduire en «autoritarisme« et «sans état d’âme»…