Sans surprise, le parti de Nicolas Maduro s'offre une large victoire aux élections au Venezuela
Nicolas Maduro aura plus que jamais la voie libre. Le parti du président vénézuélien s'achemine vers une large victoire aux législatives et régionales boycottées par la majorité de l'opposition, dimanche 25 mai. Il emporte 23 des 24 gouvernorats et obtiendrait la majorité absolue à l'Assemblée, selon les résultats annoncés par le Conseil national électoral (CNE).
Le Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV) a remporté tous les États sauf celui de Cojedes (centre-ouest), et la coalition de Nicolas Maduro a obtenu 82,68 % des suffrages au niveau des listes nationales du scrutin législatif, dans l'attente du dépouillement des résultats de chaque circonscription.
Les bureaux de vote ont commencé à fermer à l'heure prévue, vers 18 heures (22 heures GMT), mais le CNE a prolongé la durée d'ouverture "d'une heure ou plus" jusqu'à ce que toutes les personnes faisant la queue puissent voter.
Une faible participation
Quelque 70 personnes ont été arrêtées avant le scrutin figure Juan Pablo Guanipa, dirigeant de l'opposition proche de la leader Maria Corina Machado, interpellé vendredi et accusé d'appartenir à un "réseau terroriste" qui cherchait à "saboter" les élections de dimanche.
Le pouvoir, qui dénonce régulièrement des complots, réels ou imaginaires, a aussi suspendu lundi les vols en provenance de Colombie, dénonçant l'infiltration de "mercenaires".
Plus de 400 000 membres des forces de l'ordre sont déployés. Les troubles post-électoraux de la présidentielle du 28 juillet s'étaient soldés par 28 morts et 2 400 arrestations. Seuls 1 900 ont été libérés depuis.
"Nous avons réussi à organiser les élections sans incident et nous avons réussi à vaincre la violence", s'est félicité Nicolas Maduro après avoir voté.
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Contrairement à la présidentielle du 28 juillet, les bureaux de vote étaient peu fréquentés, ont constaté des journalistes de l'AFP à Caracas et en province.
Selon un sondage Delphos, la participation devrait avoisiner les 16 % des 21 millions d'électeurs. L'essentiel d'entre eux devrait être des militants du pouvoir.
"Nous allons avoir une carte très rouge", prévoit Jesus Castillo, directeur du cabinet Polianalitica, en référence à la couleur du chavisme.
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Une élection qui divise
Les sondages prédisent une majorité absolue pour le parti de Nicolas Maduro à l'Assemblée. Et selon plusieurs analystes, l'opposition n'est en mesure de remporter que deux des 24 États : Zulia, l'État pétrolier, et Nueva Sparta, l'île de Margarita.
"Quand l'adversaire se retire du champ, on avance et on occupe le terrain", s'est félicité le président après avoir voté, évoquant le boycott par l'opposition. "Le Venezuela est le pays avec le plus d'élections libres, souveraines et démocratiques de l'Histoire des 100 dernières années de l'Humanité", a-t-il assuré.
"C'est un processus de participation citoyenne important", estime Samadi Romero, universitaire de 32 ans qui a voté pour Nicolas Maduro Guerra, le fils du président Maduro, tête de liste à Caracas.
"Je ne vais pas voter parce que j'ai voté le 28 juillet et ils ont volé les élections. C'est vraiment une farce", affirme à San Cristobal Candelaria Rojas Sierra, fonctionnaire retraitée de 78 ans, en allant à la messe "prier pour le Venezuela".
"Ce que le monde a vu aujourd'hui, c'est (...) une déclaration silencieuse, mais percutante, que le désir de changement, de dignité et d'avenir reste intact", a écrit sur les réseaux sociaux depuis son exil Edmundo Gonzalez Urrutia, qui revendique la victoire à la présidentielle de juillet. "La véritable majorité a parlé depuis le silence, exigeant la liberté."
Henrique Capriles, deux fois candidat à la présidentielle, a toutefois entraîné derrière lui une frange de l'opposition convaincue de la nécessité de participer au scrutin.
"Qu'est-ce qui est mieux ? Avoir une voix et lutter au sein du l'Assemblée nationale ou, comme nous l'avons fait à d'autres occasions, se retirer du processus électoral et laisser entièrement l'Assemblée au gouvernement ?", a déclaré Henrique Capriles après avoir voté à Caracas.
Le Guyana devra "accepter la souveraineté" du Venezuela sur l'Essequibo
Le pouvoir a revu le découpage électoral pour faire élire un gouverneur et huit députés pour l'Essequibo, région riche en pétrole que Caracas dispute au Guyana dans le cadre d'un différend datant de l'époque coloniale.
Le vote a lieu dans un micro-circonscription de 21 000 votants à la frontière guyanienne. Il n'y a pas de bureaux de vote sur le territoire de 160 000 km² administré par Georgetown.
Le président du Guyana Irfaan Ali a affirmé mercredi à l'AFP qu'il s'agissait "d'une menace" alors que le ministère de la défense guyanien a indiqué renforcer sa présence à la frontière.
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"Irfaan Ali, président du Guyana (...) plus tôt que tard devra s'asseoir avec moi pour discuter et accepter la souveraineté vénézuélienne", a lui estimé Nicolas Maduro. "Avec un gouverneur, des ressources, un budget et tout le soutien que je vais apporter, nous allons récupérer" l'Essequibo "pour le peuple", a-t-il assuré.
Avec AFP