Zéro mort sur les routes depuis un an : les mesures fortes d’Helsinki qui pourraient inspirer toute l’Europe

Helsinki vient d’accomplir une prouesse inédite en Europe pour une grande capitale : une année entière sans le moindre décès sur ses routes. Les autorités locales ayant confirmé à la publication finlandaise YLE que le dernier accident mortel remonte à juillet 2024. Cette réussite spectaculaire n’est pas le fruit du hasard, mais l’aboutissement d’une politique « Vision Zéro » mise en œuvre grâce à une somme de mesures fortes. À Paris, en guise de comparaison, 31 personnes sont décédées sur les routes l’an dernier.

La recette finlandaise repose sur quatre piliers pour sauver des vies. Plus de la moitié des rues d’Helsinki sont désormais limitées à 30 km/h. La mesure, introduite en 2021, a été étendue cette année aux abords de toutes les écoles. « Les limitations de vitesse sont l’un des facteurs les plus importants dans les progrès d’Helsinki », confirme Roni Utriainen, ingénieur de la circulation à la Division de l’environnement urbain d’Helsinki au quotidien finlandais Zag Daily.

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Les recettes appliquées

Ensuite, le design des rues a été entièrement repensé : chaussées rétrécies, intersections plus sûres, passages piétons surélevés, éclairage amélioré et pistes cyclables séparées. Tout est conçu pour que la vitesse excessive devienne physiquement impossible et que les usagers vulnérables soient protégés. Par ailleurs, Roni Utriainen attribue également la baisse des accidents graves à l’excellent réseau de transports en commun d’Helsinki, qui réduit mécaniquement l’usage de la voiture. Avec un taux de satisfaction de 90% parmi les habitants, le réseau offre une alternative au «tout-voiture».

Le dernier pilier est celui de la répression. Le contrôle routier s’est intensifié avec davantage de caméras et de radars. Mais la véritable originalité finlandaise réside dans son système d’amendes proportionnelles aux revenus : un petit excès de vitesse coûte 140 à 200 euros pour tous, mais les infractions plus graves déclenchent le « système à l’amende journalière », calculé selon le revenu net mensuel. Les montants peuvent atteindre des sommets vertigineux : jusqu’à 119.000 euros pour un grand patron, ou 19.500 euros pour un particulier fortuné, indique France Info dans un reportage sur le sujet.

L’importance du «civisme collectif»

Ce modèle n’est pas une exception : la Finlande partage avec ses voisins nordiques des chiffres de mortalité routière exemplaires. Selon la Commission européenne, la Norvège affiche 16 décès par million d’habitants en 2024, la Suède 20, le Danemark 24, tandis que la Finlande atteint 31, loin devant la France (48). Notre pays vient d’enregistrer son mois d’août le plus meurtrier depuis 2011 avec 341 décès.

Ce faisant, l’Union européenne pousse actuellement pour que les chiffres des pays nordiques deviennent la norme, avec des actions autour de quatre domaines prioritaires. La volonté de sécuriser les infrastructures, et les véhicules ; la lutte contre les principales causes d’accidents mortels (vitesse, alcool, stupéfiants, distraction, non-port de la ceinture) ; ou encore l’amélioration des soins post-accident.

Au-delà de ces instruments, le cas d’Helsinki illustre l’importance du civisme collectif : tout est conçu pour protéger les usagers et rendre la prise de risque non rentable, sur tous les plans – financier, social et pratique. Dans les rues de la capitale finlandaise règne une ambiance d’apaisement généralisé : pas de tension, pas de klaxons intempestifs, une cohabitation harmonieuse entre modes doux et motorisés, rapporte France Info. Une utopie urbaine pour nos centres-villes français ?