Le ministère de l'Intérieur du gouvernement du Hamas pour la bande de Gaza a annoncé lundi qu'au moins 20 personnes avaient été tuées dans une opération contre des pilleurs d'aide destinée au territoire palestinien, en proie à une crise humanitaire après plus d'un an de guerre.
«Plus de 20 personnes membres de bandes de pillards de camions humanitaires ont été tuées dans une opération menée par les services de sécurité» en coopération avec des membres de clans locaux du territoire côtier palestinien, a indiqué le ministère dans un communiqué.
Une source médicale à l'Hôpital européen de la ville de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, a indiqué à l'AFP que l'établissement avait reçu les corps de 15 personnes tuées en lien avec cette opération.
«Ce ne sera pas la dernière» opération de ce genre, met en garde le ministère de l'Intérieur, arguant que «le phénomène des vols de camions (...) a gravement affecté la société et conduit à des signes de famine dans le sud de Gaza». «Cela marque le début d'une vaste campagne de sécurité qui a été longuement planifiée et qui s'étendra à toutes les personnes impliquées dans le pillage de camions d'aide», ajoute le texte.
11 camions sur 109 arrivés à l’entrepôt
Une source au sein du ministère a précisé à l'AFP que ces personnes avaient été tuées dans le cadre de l'acheminement à Gaza d'un convoi du Programme alimentaire mondial (PAM) qui a été pillé samedi. Lors d'une conférence de presse à New York, le porte-parole de l'ONU Stéphane Dujarric a indiqué lundi que seuls 11 des 109 camions du convoi ont pu gagner l'entrepôt après être entrés dans Gaza via le point de passage de Kerem Shalom, près de la frontière égyptienne.
Le pillage «débouche sur des dégâts sévères pour les camions et, dans certains cas, la perte totale de la cargaison», a-t-il dit, notant que l'incident de samedi à Gaza était le pire «en termes de volume» perdu. «Le convoi, initialement prévu pour hier, le 17 novembre, a été sommé par les Forces de défense israéliennes de partir sur un court préavis via un itinéraire alternatif et inconnu», a précisé le M. Dujarric.
Israël, qui a imposé un siège au territoire dirigé par le Hamas au début de la guerre en cours depuis octobre 2023, reproche souvent aux organisations humanitaires leur incapacité à distribuer de grandes quantités d'aide. Celles-ci et les agences de l'ONU font valoir que la distribution d'aide est compliquée par le manque de carburant pour les camions, l'état des routes endommagées par la guerre, les pillages, ainsi que les combats dans des zones densément peuplées et les déplacements répétés de la quasi-totalité des plus de deux millions d'habitants que compte la bande de Gaza.
Plusieurs responsables humanitaires ont déclaré à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que près de la moitié de l'aide entrant à Gaza était pillée, en particulier les produits de base.