INFOGRAPHIES. Visualisez la chute de la popularité de Donald Trump aux Etats-Unis, cent jours après son retour à la Maison Blanche
Alors que le mercredi 30 avril marque le seuil symbolique de cent jours depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump est au plus bas dans les sondages. Plusieurs enquêtes d'opinion le donnent désormais comme le président des Etats-Unis le plus impopulaire à ce stade de son mandat depuis plusieurs décennies. L'homme d'affaires républicain paye ses décisions économiques radicales, qui suscitent plus de désapprobation que de soutien au sein de l'opinion publique américaine. Même sa politique en matière d'immigration commence à être remise en cause par une majorité d'Américains, à en croire les sondages. Franceinfo fait le point sur cette dégringolade en trois graphiques.
Une popularité déjà écornée
Les présidents américains entrent généralement en fonction forts d'une certaine popularité, qui s'estompe avec le temps, rappelle le New York Times. Mais pour Donald Trump, la chute est très nette, après à peine plus de trois mois. C'est ce que montrent travaux du journaliste américain G. Elliot Morris. Ce spécialiste de l'analyse des enquêtes d'opinion suit l'évolution de la cote de popularité de Donald Trump au jour le jour sur son site internet, en calculant des moyennes en fonction des résultats des derniers sondages.
Aujourd'hui, le président des Etats-Unis n'est plus soutenu que par 43,5% des américains en moyenne (avec une marge d'erreur d'un point). C'est plus de 7 points de pourcentages de moins qu'au pic d'opinions favorables de ce deuxième mandat (50,7%), atteint une semaine après son investiture, le 27 janvier. A l'inverse son pourcentage d'opinion défavorables a désormais grimpé à 53%, contre 41,8% à son plus bas niveau, le 24 janvier.
Pour le New York Times, qui publie ses propres moyennes de la cote de popularité du président des Etats-Unis, il est difficile d'isoler les conséquences d'une mesure spécifique, tels que les droits de douane réciproques dévoilés le 2 avril. "En moyenne, la cote de [Donald] Trump a continué à chuter dans tous les sondages" après cette annonce retentissante, mais "la plupart ne montraient pas de baisse majeure" de sa popularité à cette date précise, écrit le journal, qui conclut qu'il est "encore trop tôt pour comprendre comment un tel évènement a façonné l'opinion publique."
Une politique économique de plus en plus rejetée
S'il est encore difficile de mesurer les conséquences dans l'opinion américaine de chacune des décisions de Donald Trump, les sondages convergent en revanche sur un désaveu global de sa politique économique. L'analyse des enquêtes d'opinion montre que le président récolte des avis très largement négatifs au sujet de l'économie, des échanges commerciaux et du coût de la vie. Même sa politique migratoire, nettement plus populaire, commence à susciter plus de défiance que de soutien dans l'opinion publique.
Cette désapprobation est un camouflet pour le milliardaire, qui avait remporté l'élection présidentielle de novembre grâce notamment à la promesse d'un renouveau économique, après un mandat de Joe Biden marqué par l'inflation. Aujourd'hui, pourtant, Donald Trump est même jugé plus durement que pendant son premier mandat. "Sa cote de popularité sur les questions économiques est à son plus bas niveau, pire encore que lors du Covid-19", relève ainsi le journaliste G. Elliot Morris, à partir de récents sondages publiés par The Economist.
La politique en matière d'immigration du président républicain suscite également de plus en plus défiance au sein de l'opinion. Pour la première fois depuis son investiture, Donald Trump récolte davantage d'opinions défavorables que favorables sur ce sujet, pourtant considéré comme l'un de ses points forts. G. Elliot Morris explique ce changement de tendance par l'émoi suscité par plusieurs cas d'expulsions contestées et la contestation par l'administration Trump de plusieurs décisions de justice.
Le début de mandat le plus impopulaire depuis la Seconde guerre mondiale
La juxtaposition de la cote de popularité de Donald Trump avec celles de ses prédécesseurs montre l'ampleur de l'impopularité du président américain. Après cent jours à la Maison Blanche, la part d'opinions favorables de Joe Biden dépassait de 14 points celles des opinions défavorables, et l'écart était encore plus net pour George W. Bush (+27) et Barack Obama (+31).
Donald Trump est en réalité tombé à peu près au même niveau que celui qui était le sien à l'issue des cent premiers jours de son premier mandat, en 2017. Mais à l'époque, le milliardaire avait été investi avec une cote de popularité plus faible qu'en 2025. Il a donc perdu davantage de soutien qu'il y a huit ans pour arriver au même niveau. Jusqu'à devenir le président américain le plus impopulaire à ce stade de son mandat depuis au moins la Seconde Guerre mondiale, d'après plusieurs sondages publiés fin avril, notamment par le Washington Post et CNN.
Certains analystes estiment qu'une telle chute de popularité est de mauvais augure pour la suite du mandat du président américain. "Il n'est pas facile de brûler autant de bonne volonté aussi rapidement, et les choses ne s'arrangent généralement pas à partir de là", écrit ainsi Nate Cohn, l'analyste politique en chef du New York Times. Le président américain s'est quant à lui exprimé sur son réseau Truth Social pour dénoncer de "faux sondages réalisés par de fausses entreprises de presse" qui, selon lui, devraient faire l'objet "d'une enquête pour fraude électorale".