Près de Lyon, la polémique enfle autour d’un projet de chaufferie au bois de la métropole écologiste

Le premier contact avec les riverains a pris des airs de levée de boucliers pour la métropole écologiste. Plus de 400 personnes se sont massées dans la salle des fêtes de Francheville à la mi-novembre pour entendre Philippe Guelpa-Bonaro défendre le projet de chaufferie au bois de Beaunant, auquel beaucoup sont opposés. Ils craignent l’impact environnemental et sanitaire de cette centrale biomasse intégrée à un important réseau de chaleur, qui doit voir le jour à horizon 2030 dans l’ouest lyonnais.  

«Nous ne sommes pas en opposition frontale envers le réseau de chaleur mais contre la combustion au bois qui représente une aberration sanitaire, écologique et financière», martèle Amaury de Gaudemar, du collectif Beaunant Respire. Voté en juin dernier, le projet prévoit la construction d’un réseau de chaleur de quatre centrales et 80 kilomètres de tuyaux pour un coût de 200 millions d’euros, avec une participation de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe).

Chauffer tout l’ouest lyonnais

Cet investissement doit permettre de chauffer bâtiments publics et particuliers sur la commune de Sainte-Foy-lès-Lyon - où sera installée la centrale biomasse de Beaunant - mais aussi celles de Francheville, Tassin-la-Demi-Lune, La Tour-de-Salvagny et une partie des 5e et 9e arrondissements de Lyon. Soit l’équivalent de 25.000 logements. Le tout pour une durée de 25 ans selon l’accord prévu avec le délégataire, qui doit encore être trouvé.

«Nous ne sommes encore que très en amont sur ce projet de chauffage urbain dont, d’ailleurs, on ne connaît pas encore le mix énergétique», indique au Figaro Philippe Guelpa-Bonaro (EELV), vice-président en charge de l’énergie à la Métropole de Lyon. Les écologistes souhaitent privilégier la géothermie mais encore faut-il que le terrain le permettre, ce qui n’est pas établi. Car le recours au bois pour le chauffage fait hurler les opposants, surtout à l’heure où la métropole restreint l’usage des cheminées individuelles pour des raisons environnementales.

Filtres et particules ultrafines

«Si les filtres installés sur les cheminées arrêtent la quasi-totalité des particules fines, d’autres plus petites passent à travers et viennent se loger directement dans la peau, les poumons et le cerveau, insiste Amaury de Gaudemar qui a compilé des analyses sur le sujet. Des études ont fait le lien entre chauffage au bois et cancer. Sans compter la pollution aux HAP (hydrocarbures aromatiques polycycliques), aux COV (composés organiques volatiles) et les émissions de CO2 produites par la combustion».

«On a déjà une dizaine de chaufferies de ce type dans la métropole et, concernant la pollution, on est très, très en dessous des normes en vigueur», oppose Philippe Guelpa-Bonaro. Les opposants estiment sa consommation à 90.000 mètres cubes de bois par an, soit 4000 camions qui devront transiter par les petites voies menant au terrain de Beaunant, propriété de la métropole. Des chiffres fantaisistes pour les élus.

La métropole assure par ailleurs qu’elle privilégiera le bois d’élagage et l’approvisionnement local pour alimenter la chaufferie. Si la région est effectivement la mieux dotée de France en volume de bois sur pied, elle est aussi très concernée par le dépérissement de ses forêts.