PSG : Kvaratskhelia encore timide, le match est lancé avec Barcola… et Doué
Khvicha Kvaratskhelia n’est pas encore redevenu «Kvaradona». C’est le constat brut que l’on peut faire après les trois premières sorties de l’ailier international géorgien (40 sélections, 17 buts) de 23 ans sous les couleurs parisiennes. Trois matchs (Reims, Brest, Le Mans) en tant que titulaire et 231 minutes au total. Un joueur «différent avec le ballon», comme l’a souligné Luis Enrique, mais pas encore en réussite et encore moins brillant. La volonté est là, les efforts et la qualité aussi. Pour le reste, il faudra s’armer de patience. Et c’est évidemment bien logique, à plusieurs titres.
Rien d’alarmant : le meilleur joueur de Serie A en 2022-23 vient d’arriver au sein d’un nouveau club, dans un nouveau pays. Et ce, en cours de saison. Certes, il est déjà à l’aise au sein du groupe, il peut échanger avec la plupart de ses nouveaux coéquipiers en italien ou en anglais. Mais finalement, le plus étonnant aurait été qu’il affiche un niveau de performance digne de la saison du sacre au Napoli d’un coup, comme par magie. «Ce n’est pas facile de jouer au PSG, le niveau d’exigence est très élevé. Et le niveau augmente au fil du parcours», constatait le coach espagnol mardi, au Mans (victoire 2-0), en Coupe de France. Un match lors duquel «Kvara» s’est montré discret.
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Gestes délicieux… mais peu de réussite
Au Mans, le natif de Tbilissi a réalisé une poignée de gestes délicieux, extérieurs du pied savoureux, talonnade magique mais aussi et surtout ce ballon génial glissé à Achraf Hakimi en contre, de l’extérieur du droit. Le Marocain a malheureusement buté sur le portier manceau, privant l’ex-Napolitain d’une deuxième passe décisive après celle de Reims. Une frappe, écrasée, et peu de réussite en un contre un. Il n’a pas non plus été aidé par ses camarades, que ce soit pour combiner ou profiter de ses (bons) ballons, comme ce mauvais contrôle de Kang-in Lee dans la surface ou ce centre en retrait et cette balle en profondeur mal exploités par le titi Senny Mayulu.
Encore une fois, rien d’inquiétant pour un nouveau venu à Paris, recruté pour 70 M€ hors bonus après un feuilleton qui a démarré l’été dernier. D’autant que l’intéressé n’avait plus joué depuis le 29 décembre avec Naples avant de débuter contre le «SDR» au Parc des Princes, le 25 janvier. À la question de savoir quand «Kvara» sera au top en termes de rythme, Luis Enrique n’a pas de réponse : «Je ne sais pas… Quand un joueur arrive, un joueur qui n’a pas joué pendant un moment avec son club précédent, il doit s’adapter à beaucoup de choses. On n’a pas d’inquiétude particulière là-dessus, ce sera sans doute assez court, ou un peu plus long, mais on l’a recruté pour du long terme. On essaie de faire en sorte que ce soit le plus court possible mais on n’est pas pressé parce que l’équipe est dans une bonne dynamique.» L’ailier dribbleur de 23 ans reconnaissait d’ailleurs que «c’était un peu difficile» au sujet du physique après sa première sortie avec le Paris-SG, évoquant un «sentiment incroyable. Je suis très heureux d’être ici, avec ces supporters incroyables, cette équipe incroyable, ces joueurs incroyables».
Il y a tellement de joueurs incroyables que Khvicha Kvaratskhelia est tout sauf certain de débuter face à Brest mardi prochain, en barrage aller de Ligue des champions, si on suit la logique de Luis Enrique sur la concurrence. Pour cela, il aurait tout intérêt à se montrer sous son meilleur jour contre Monaco ce vendredi (21h05), lors de la 21e journée de L1. «Je donne de la confiance aux joueurs dont je considère qu’ils ont le niveau, ce sont eux qui auront des minutes. Mais ce ne sont pas des cadeaux», martèle Luis Enrique. Et le Géorgien est logé à la même enseigne que les autres, même s’il est évident qu’il a besoin de minutes pour gagner en rythme et en automatismes. «Le plan est le même pour tous nos attaquants. Je donne des minutes en fonction des performances. Ce sera une recrue très intéressante pour nous, mais on devra voir comment il performe. Il vient d’arriver», disait «Lucho» après Reims.
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Le «flow» de Barcola
Nul doute que «Kvara» peut compter sur un temps de jeu conséquent en championnat et en Coupe de France. Surtout avec ce calendrier fou et des matchs tous les trois jours depuis le 12 janvier et jusqu’à la trêve, mi-mars, si Paris avance en Ligue des champions. «C’est un jeu de Tetris», souffle Luis Enrique sur la gestion de l’effectif dans cette période. Pour la C1 justement, c’est une autre histoire : le Géorgien devra mériter sa place, comme les autres. D’autant que son principal concurrent à gauche, Bradley Barcola, tourne de nouveau au super depuis une poignée de matchs.
Bizarrement, depuis l’arrivée du nouveau numéro 7 parisien… «Bradley Barcola a montré son flow habituel», analysait Luis Enrique après Le Mans. Un flow tonitruant, le retour de l’efficacité (5 buts et 5 passes décisives sur ses 5 derniers matchs) et de l’agressivité à tous les étages, dans ses prises de balle, ses courses, ses appels. Le tout sans parler d’une pointe de vitesse qui ouvre bien des portes à ses coéquipiers, et notamment le goleador Ousmane Dembélé, régulièrement servi par l’ex-Lyonnais. Lequel Dembélé est, lui, assuré de débuter à chaque fois que Luis Enrique veut sortir la grosse équipe au vu de son niveau de performance et de ses statistiques «Mbappesques».
Toute la question porte sur l’identité des joueurs appelés à animer les côtés, sachant que «Dembouz» prend ses aises en tant qu’attaquant axial. Barcola ou «Kvara» ? «Je peux faire beaucoup de combinaisons différentes avec mes six ou sept joueurs offensifs, disait Luis Enrique avant la fin du mercato et le départ de Marco Asensio. Je ne pense pas qu’il y en a un qui ne puisse pas jouer du fait qu’un autre joue. Il faut voir les synergies et la forme, ce que les uns et les autres apportent en attaque et en défense. À partir de là, on peut faire toutes les combinaisons.» Avec Bradley Barcola d’un côté et Khvicha Kvaratskhelia de l’autre ? Pas impossible. Dans ce cas, le Géorgien aurait plutôt vocation à évoluer à gauche et le Français, à droite, comme à l’OL.
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Doué, une vraie option
Luis Enrique dispose toutefois d’autres options. Outre Kang-in Lee, un cran derrière, et Gonçalo Ramos, devancé par Ousmane Dembélé jusqu’à nouvel ordre pour la position axiale, le coach espagnol peut compter sur Désiré Doué. Après un début de saison timide, l’ancien Rennais a pris de l’épaisseur ces dernières semaines. Si bien qu’il représente une vraie alternative pour une place dans le 11 en Ligue des champions… si «Lucho» estime que le niveau de performance de Kvaratskhelia n’est pas encore suffisant. D’autant que la dynamique est bonne, notamment sur le plan offensif. «J’ai été très courageux la saison dernière en vous disait qu’on aurait une meilleure équipe en attaque et en défense», s’auto-congratule l’ancien sélectionneur espagnol, interrogé sur l’après-Mbappé à Paris. Et de poursuivre : «Je continue de le penser, les chiffres le confirment, je pense que les joueurs l’ont pris comme un défi. Bien sûr, on aurait aimé garder Kylian, tout le monde aime Kyky. Mais l’équipe répond très positivement, à un niveau spectaculaire. On a montré notre maturité en tant qu’équipe face à une situation qu’on ne désirait pas».
Le train parisien est lancé. Charge à Khvicha Kvaratskhelia de monter dedans. «Depuis la saison passée, avec le président (Nasser Al-Khelaïfi) et le directeur sportif (Luis Campos), nous avons amélioré l’effectif et créé quelque chose de vital, la concurrence», disait Luis Enrique avant le match dans la Sarthe. Concurrence qui est montée d’un cran avec Kvaratskhelia. Pas de tapis rouge pour le Géorgien, qui devra compter sur lui-même pour avancer.