Éviter que les régions de France les plus touchées par le changement climatique ne soient plus couvertes par les assureurs : tel est l’objectif de l’observatoire bientôt mis en place par la Caisse centrale de réassurance (CCR), le réassureur public qui gère le régime d’indemnisation des catastrophes naturelles (dit «cat nat»). Celui-ci doit permettre de mieux identifier les zones les plus exposées aux risques climatiques. Et de savoir si les compagnies assurent toujours les maisons qui y sont implantées.
Ce futur observatoire, qui verra le jour au printemps 2025, faisait partie en avril des préconisations du rapport Langreney sur l'assurabilité de la France, menacée par le changement climatique, qui augmente la fréquence et le coût des sinistres. Son objectif est d’empêcher que les assureurs ne se retirent des zones les plus exposées. «Il y a déjà moins d'assureurs dans les Dom-Tom, très exposés aux cyclones et on commence à voir des signes de tension dans l'Hexagone», relève Édouard Vieillefond, directeur général de la CCR.
L’observatoire sera composé de deux cartes. La première recensera les zones les plus exposées aux inondations, à la sécheresse, au retrait-gonflement des argiles (RGA) qui provoque des fissures sur les maisons, et aux cyclones tropicaux (dans les DOM-TOM). Ces trois périls sont les principaux risques climatiques couverts par le régime «cat nat». La deuxième carte recensera «les parts de marché des assureurs, pour voir s'ils sont bien toujours présents, ou pas, dans les zones tendues et moins tendues», explique Édouard Vieillefond. Le but étant de garantir que toutes les compagnies d’assurances jouent le jeu de la mutualisation des risques. Mais, la cartographie sera anonyme. «L'observatoire lui-même consiste à informer l'État. On donnera l’information de manière anonymisée et ensuite l'État pourra décider de faire des choses ou pas», poursuit Édouard Vieillefond, qui refuse le «name and shame».
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Les assureurs récompensés
Les assureurs qui joueront le plus le jeu, en restant très présents dans les zones les plus sensibles au changement climatique seront récompensés. La CCR verse en effet chaque année une rétrocommission aux compagnies, en échange de l'apport d'une partie de leurs primes d'assurance-dommages. Cette commission sera à l'avenir fortement dépendante de leur maintien ou non dans les zones tendues.
Une autre mesure préconisée par la mission Langreney avait déjà été retenue par les pouvoirs publics. À la fin de l’année dernière, Bercy a annoncé une hausse de la contribution des ménages et des entreprises au financement du régime public-privé d'indemnisation des catastrophes naturelles, aujourd’hui à bout de souffle. À partir du 1er janvier 2025, la surprime comprise dans chaque assurance habitation passera ainsi de 12% à 20% et celle appliquée aux primes d'assurance automobile de 6% à 9%. Ce qui fera mécaniquement grimper le prix des assurances habitation et auto l'an prochain. Face à la hausse des périls liés à la multiplication des sinistres climatiques, le gouvernement pourrait bientôt annoncer de nouvelles mesures.