L'artiste allemand Anselm Kiefer se sent «menacé» par l'extrême droite
L'artiste contemporain allemand Anselm Kiefer, connu pour son travail qui affronte le passé nazi de son pays, a confié mercredi 5 mars se sentir « menacé » par la montée du parti d'extrême droite AfD en Allemagne, après avoir doublé son score aux législatives. Le plasticien, réputé pour ses immenses paysages de ruines recouverts de plomb ou hérissés de paille, de cendre et de végétaux, est à l'affiche d'une exposition ce printemps à Amsterdam avec de nouvelles œuvres.
La guerre et la mort ne sont jamais loin dans les travaux d'Anselm Kiefer, né en 1945 dans le sud-ouest bombardé de l'Allemagne. Dans le hall du Stedelijk Museum d'Amsterdam, qui organise l'exposition avec son voisin, le musée Van Gogh, trône une œuvre monumentale de plus de 24 mètres de long, composée de peinture, d'argile, de feuilles d'or, de pétales de roses séchées. Et d'uniformes. « Je ne fais pas d'exposition contre la guerre. Je fais ce qui est en moi, ce qui doit sortir. Et cela concerne toutes sortes de choses, la mort, la guerre », confie l'artiste, qui fête son 80e anniversaire samedi.
Ses tableaux sont exposés jusqu'au 9 juin aux côtés d'œuvres du maître néerlandais Vincent Van Gogh, dont il revisite les célèbres tournesols et de champs de blé à sa manière. « Quand je travaille, je n'illustre jamais d'événements politiques », déclare l'Allemand, mais il dit être « bien informé ». « On parle de la guerre en Ukraine, mais tout est en moi. Et puis c'est logique que ça ressorte d'une manière plus substantielle », affirme-t-il auprès de l'AFP.
« Quand allons-nous comprendre ? »
L'exposition est intitulée « Sag mir wo die Blumen sind » (Where have all the flowers gone), du nom d'une chanson dont il a emprunté une phrase, figurant sur son œuvre de 24m: « Quand allons-nous comprendre ? Cette phrase rend la chanson philosophique, parce qu'il est incompréhensible qu'aujourd'hui se produisent des choses qui se sont produites en 1933», explique l'artiste, faisant référence à l'arrivée des nazis au pouvoir avant la Seconde guerre mondiale. « Et cette phrase, je l'ai accrochée au mur pour cela. Donc, cela ressemble un peu à une déclaration anti-guerre », poursuit l'Allemand.
À travers l'exposition qui s'ouvre vendredi, les deux musées amstellodamois, situés sur la même place, mettent en lumière l'influence de Vincent van Gogh sur l'œuvre de l'Allemand. Au fil de sa carrière, Van Gogh restera une source d'inspiration. « J'ai toujours été influencé par Van Gogh, depuis que j'ai sept, huit, neuf, dix ans. Et au début des années 60, j'ai voyagé sur les traces de Van Gogh », explique Anselm Kiefer. Anselm Kiefer, installé en France depuis 1993, est également le créateur d'installations et de sculptures démesurées mêlant mythologie antique et Kabbale, chamanisme, astrophysique et poésie - il se dit être un alchimiste.