A Belgrade, des manifestants venus en masse contre "la corruption" et le pouvoir en place en Serbie

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Une manifestation qui s'annonce historique en Serbie. Vague après vague, les manifestants ont déferlé sur Belgrade, samedi 15 mars, pour un rassemblement visant à lutter contre la corruption, après des mois de contestation menée par les étudiants serbes.

A 16 heures, heure officielle du début de la manifestation, une foule dense était déjà rassemblée sous une pluie fine dans le centre ville, sur plus de deux kilomètres. Elle réunissait plusieurs dizaines de milliers de personnes au moins, arborant des drapeaux et insignes allant de la droite nationaliste à l'extrême gauche en passant par les écologistes. "Pumpaj ! Pumpaj !" (Pompe ! Pompe !) ont-ils clamé, entonnant le slogan du mouvement, destiné à montrer que leur énergie ne faiblira pas. Beaucoup arborent un pin's avec une main ensanglantée – le symbole du mouvement, qui a adopté comme mot d'ordre "la corruption tue".

Des manifestants rassemblés contre la corruption à Belgrade (Serbie), le 15 mars 2025. (ANDREJ ISAKOVIC / AFP)
Des manifestants rassemblés contre la corruption à Belgrade (Serbie), le 15 mars 2025. (ANDREJ ISAKOVIC / AFP)

Des dizaines de fermiers au volant de leurs tracteurs sont également arrivés en soutien aux étudiants. Dès vendredi soir, des dizaines de milliers de personnes – 31 000 selon le ministère de l'Intérieur –, ont accueilli dans une ambiance festive les manifestants venus à pied, à vélo ou en tracteur de toute la Serbie.

Des manifestations quotidiennes

Les manifestations s'enchaînent en Serbie depuis l'accident de la gare de Novi Sad, le 1er novembre, qui a fait 15 morts. L'auvent en béton du bâtiment, tout juste rénové, s'est écroulé. La colère a explosé, les manifestants voyant dans cet accident la preuve d'une corruption qui, selon eux, entache les institutions et les travaux publics. Le mouvement est devenu l'un des plus importants de l'histoire récente de la Serbie, avec des manifestations quotidiennes.

Les rassemblements se sont tendus depuis que le gouvernement a accusé les protestataires d'être payés par des agences étrangères, de préparer des actions violentes, voire une révolution. L'ONU a appelé les autorités serbes à ne pas "interférer indûment" dans la manifestation, et à "respecter l'exercice complet des droits à la liberté de réunion pacifique et à la liberté d'expression". "Nous sommes un pays extrêmement démocratique", a répondu vendredi le président serbe Aleksandar Vucic. Avant d'ajouter : "Je suis le président de ce pays, et je ne laisserai pas la rue dicter les règles".