La Cour des comptes pointe des "incertitudes" dans le programme de réacteurs nucléaires EPR

La France est encore "loin d'être prête" à concrétiser son programme de construction de six nouveaux réacteurs nucléaires de type EPR2 en raison des incertitudes financières et techniques entourant ce projet porté par EDF, selon un rapport de la Cour des comptes publié mardi 14 janvier.

La juridiction financière recommande par conséquent de "retenir" la décision finale d'investissement du programme EPR2 jusqu'à la sécurisation de son financement et la réalisation d'études de conception plus poussées.

EDF a réagi en indiquant que la définition des schémas de financement et de régulation avec l'État était "un préalable" à sa décision finale d'investissement, qu'il a précédemment dit envisager pour début 2026.

Rentabilité "médiocre"

Le rapport de la Cour des comptes constitue la plus sérieuse alerte depuis qu'Emmanuel Macron a annoncé la construction de six EPR2, début 2022, sans préciser le financement de ce chantier qui démarrerait en 2027 ou 2028 et s'étalerait sur près d'un quart de siècle.

Le coût de construction de six EPR2 a été estimé à 51,7 milliards d'euros en 2022, un montant qu'EDF a fortement revu à la hausse en 2023, à 67,4 milliards. Le groupe, dont l'État est redevenu l'unique actionnaire en 2023, a depuis travaillé à une "optimisation" du devis, qu'il avait prévu de remettre au gouvernement fin 2024.

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Après un précédent rapport publié en 2020 qui recommandait de calculer la rentabilité prévisionnelle de l'EPR de Flamanville 3 et de l'EPR2 et d'en assurer le suivi, la Cour des comptes constate que sa demande n'a pas été suivie d'effet.

Elle évoque la rentabilité "médiocre" de l'EPR de Flamanville, connecté au réseau fin 2024, sur la base d'un coût total qu'elle estime à environ 23,7 milliards d'euros en incluant le coût de financement, tandis qu'EDF a pris l'habitude de communiquer uniquement le coût de construction, réévalué à 13,2 milliards fin 2022.

EDF a pour sa part souligné mardi que la compétitivité du programme EPR2 dépendrait en partie de l'accord qui sera trouvé avec l'État et avec la Commission européenne sur son schéma de financement.

En amont de l'autorisation de Bruxelles, "compte tenu des investissements importants déjà exposés par l'entreprise avec la filière, du contexte économique et politique de hausse des coûts à venir", EDF juge nécessaire de conclure avec l'État "un contrat préliminaire qui fixe le cadre des investissements à financer au titre de ce programme".

Avec Reuters