«On met fin au capitalisme et on passe au communisme» : la charge de Nicolas Dufourcq contre la taxe Zucman

«On met fin au capitalisme et on passe au communisme» : la charge de Nicolas Dufourcq contre la taxe Zucman

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Le directeur général de la Banque Publique d’Investissement (Bpifrance) est l’invité de l’émission «Esprit d’Entreprise» sur le Figaro TV.

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Dans une rentrée marquée par une nouvelle phase d’instabilité politique, le moral des chefs d’entreprise français s’est à nouveau effrité à la fin de l’été. Malgré la nomination rapide de Sébastien Lecornu comme premier ministre le 9 septembre après la censure du gouvernement Bayrou, la valse des gouvernements depuis plus d’un an freine leurs investissements. «Avant l’annonce du vote de confiance du 25 août, 45% affirmaient qu’ils comptaient investir au deuxième semestre 2025 et en 2026. Après, ce ne sont plus que 26% d’entre eux, déplore dans l’émission Esprit d’entreprise du Figaro Nicolas Dufourcq, qui dirige la Banque Publique d’Investissement (Bpifrance), depuis sa création fin 2012. Ils s’habituent à l’instabilité parlementaire, mais cela pèse sur leur moral».

Confrontés à des difficultés de recrutement, à de lourdes taxes de production et à la complexité réglementaire, ils naviguent dans un environnement hostile, souligne le patron de la banque qui a accompagné au total 500.000 entreprises dans leurs projets de développement, principalement des TPE et des PME. «En revanche, il n’y a pas de problème de financement pour les entrepreneurs qui ont de bons projets. La baisse actuelle des levées de fonds  est la simple digestion de la bulle financière de la fin des années 2020 à 2022».

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Spirale de l’endettement

Fin observateur de l’économie française, Nicolas Dufourcq juge «existentiel», le problème de la croissance incontrôlée de la dette publique française depuis un demi-siècle. Rappelant les efforts d’économies faits par les autres pays européens, il se penche dans un livre à paraître en octobre sur les réformes à mener pour sortir de la spirale actuelle d’endettement. «Le cœur du sujet, c’est que l’on refuse de dire aux Français que 10 % des prestations sociales sont financées par la dette. Tout le monde pense qu’il y a un trésor caché quelque part et on continue à regarder la dette monter en se tournant les pouces...».

Le dirigeant pointe la nécessité probable de repousser l’âge légal de la retraite à 66 ou 67 ans, pour sauver le modèle social français. «Je vous assure que cela réglera une grande partie de notre problème, et que l’on peut tout à fait faire des économies sur le modèle social français sans changer de civilisation. Les Français ont d’ailleurs très bien compris que le pays a pris un énorme coup de vieux, et qu’avec 25 millions de retraités, on ne peut pas avoir une retraite aussi généreuse à 62 ans. Ce qui nous tire vers le bas comme nation, c’est l’excès de générosité de la retraite française».

Farouche opposant à la taxe Zucman sur le patrimoine des grandes fortunes qui agite en ce moment les débats, Nicolas Dufourcq fustige l’«improvisation intellectuelle» que représente ce projet de taxer de 2% les actifs professionnels des plus fortunés. «À moins de la rendre mondiale, cela n’a aucun sens ! Qu’il y ait des dispositifs intelligents pour aller forcer la trésorerie dans les holdings à être taxés, pourquoi pas? Mais dire aux capitalistes que tous les ans ils vont donner 2 % de leur capital, cela n’a pas de sens. Ou alors on change de régime, on met fin au capitalisme, et on passe au communisme!»

Simplification normative

Fervent défenseur de la réindustrialisation de la France comme moteur de sa puissance sur la scène internationale, le dirigeant appelle l’Europe à poursuivre les efforts sur la simplification normative, pour accélérer le développement de projets. «La vocifération et la pression des entreprises sur ce sujet ont marché avec le train de mesures omnibus qui a été voté, considère-t-il, mais il faut aller encore plus loin».

Surtout, il plaide pour une meilleure défense des intérêts industriels européens face au rouleau compresseur chinois. «Le combat de la réindustrialisation n’est jamais gagné. Il faut mesurer la gravité du bombardement chinois sur l’industrie européenne, et la concurrence déloyale que le pays mène. Notamment avec ses subventions publiques gigantesques qui mettent nos produits en concurrence avec des produits 20 à 30% moins chers, et souvent de grande qualité», s’agace Nicolas Dufourcq. Le DG de BpiFrance appelle l’Europe à instaurer des clauses de sauvegarde et des barrières douanières. «L’escalade a déjà commencé. Il faut arrêter de penser que le libre-échangisme ne fait pas de victime».

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Retrouvez l’émission intégrale sur le Figaro TV ce dimanche à 11h, le lundi 22 septembre à 7h30 et le jeudi 25 septembre à 11h, ainsi que sur le figaro.fr à ce lien .