En France, en un an, le nombre d’actes antisémites a augmenté de 192%

Un an après l’attaque sanglante du Hamas contre Israël le 7 octobre et alors que la guerre fait rage au Proche-Orient, le développement de l’antisémitisme observé depuis des mois en France ne faiblit pas, mais «demeure» à un niveau «inédit». «887 faits antisémites ont été recensés au cours du premier semestre 2024, soit une augmentation de 192% par rapport [à la même période de] 2023», révèle dans une note consultée par Le Figaro la direction nationale du renseignement territorial (DNRT), qui craint «une nouvelle année record». 

Cette tendance à la hausse, consécutive au massacre commis par le groupe islamiste il y a un an jour pour jour, «semble s’inscrire dans la durée», précise le ministère de l’Intérieur, qui se fonde sur les dépôts de plainte pour établir ces statistiques.

Les «polémiques», des «catalyseurs»  

La DNRT observe par exemple qu’après le bombardement par Israël de Rafah dans la Bande de Gaza, «les atteintes antisémites ont augmenté dans les semaines qui ont suivi». Ils étaient ainsi 187 la semaine suivant l’opération de Tsahal, contre 54 la semaine précédente. De même, le pic des actes antisémites a été atteint en juin 2024 avec 229 faits recensés dans un contexte électoral marqué par la question palestinienne - les élections européennes ont eu lieu le 9 juin, le premier tour des législatives les 29 et 30 juin. Les «polémiques» ont «incontestablement joué un rôle de catalyseur», observe la DNRT.  

Ce lien entre l’actualité au Levant et l’antisémitisme dans l’Hexagone, est en réalité ancien (le record du nombre d’actes antisémites - 851 - date de 2014, année d’une précédente guerre à Gaza) et s’observe sans surprise depuis un an. Au point que les «atteintes antisémites» représentent désormais 67% de l’ensemble des faits antireligieux recensés par le ministère de l’Intérieur, contre seulement 35% en 2023 et ce alors même que la communauté juive représente moins de 1% de la population française. Jusqu’à présent, les actes anti-chrétiens étaient les plus nombreux dans l’hexagone. Ainsi, en 2023, 424 avaient été recensés, contre 304 actes antisémites.

Parmi les actes antisémites, le ministère de l’Intérieur s’inquiète notamment de la hausse de la proportion d’«atteintes aux personnes» (63% en 2024 contre 60% en 2023 et 50% en 2022) et notamment de «violences physiques». Celles-ci s’élèvent à 53 au premier semestre 2024, contre seulement 20 pour la même période de 2023. «Soit une hausse de 165%», souligne la DNRT, qui détaille en particulier deux tentatives d’homicide. La première, le 29 janvier à Levallois-Perret, où une garde d’enfant employée dans une famille juive a versé de l’eau de javel dans du jus de raisin et une bouteille de vin déjà ouverte. La deuxième s'est déroulée le 12 février à Paris. Un homme a été poignardé six fois dans le dos alors que son agresseur qui le connaissait depuis l'enfance lui proférait des injures antisémites.  

Le renseignement territorial met aussi en garde contre le rajeunissement de l’antisémitisme en France. 67 faits ont ainsi été recensés dans la sphère éducative et scolaire, contre 29 en 2023. Une augmentation importante observable aussi sur Internet où 62 incidents antisémites ont été portés à l’attention de la DNRT.