Quelques centaines de personnes ont participé mardi à un rassemblement de soutien à l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, emprisonné en Algérie, parmi lesquels les présidents de l’Assemblée et du Sénat Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher, ainsi que le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau. Des personnalités politiques de tout bord, allant du Parti socialiste au Rassemblement national, étaient présentes - à l’exception notable des représentants d’Europe-Écologie - Les Verts et de La France insoumise.
«Libérez Boualem Sansal !», a exhorté Gérald Larcher sur la scène installée à quelques pas de l’Assemblée nationale, alors que le sort du romancier emprisonné depuis le 16 novembre sera décidé jeudi par un tribunal près d’Alger. «Tant que nous n’aurons pas retrouvé Boualem Sansal, nous n’aurons pas de répit», a ajouté Yaël Braun-Pivet qui se tenait à ses côtés.
À lire aussi Procès Boualem Sansal : «Je suis prêt à répondre à toutes vos questions»
La semaine dernière, le parquet algérien a requis 10 ans de prison ferme à l’encontre de Boualem Sansal, âgé de 80 ans selon son éditeur français Gallimard, accusé d’atteinte à l’intégrité territoriale de l’Algérie, suite notamment à des propos tenus dans le média Frontières.
«Boualem, sa seule faute, c’est d’avoir un esprit libre», a estimé Bruno Retailleau, qui a par ailleurs regretté que les députés insoumis aient refusé de voter pour une résolution appelant à sa libération. Cette résolution sera de nouveau soumise au vote des députés, cette fois en séance plénière à l’Assemblée nationale, suite à une décision de la conférence des présidents de l’Assemblée ce mardi matin et annoncée par Gabriel Attal devant les manifestants. «Dix ans de prison, pour un homme malade de 80 ans, c’est sa tête qui est demandée», s’est ému le patron de Renaissance, redoutant une «parodie» de justice. «Boualem Sansal est en prison, et c’est la République française qui est prise en otage», a-t-il jugé.
Le Pen, Zemmour, Wauquiez, Lisnard, Glucksmann, Guedj...
Le président des députés LR Laurent Wauquiez et les maires de Nice, Christian Estrosi, et de Cannes, David Lisnard, se sont également exprimés devant la foule. Parmi les personnalités politiques réunies parmi les manifestants se trouvaient encore le patron des députés UDR Éric Ciotti, le président du parti Reconquête Éric Zemmour, l’eurodéputé PS Raphaël Glucksmann, le député PS Jérôme Guedj ou encore de nombreux députés du RN, parmi lesquels Jean-Philippe Tanguy et Marine Le Pen. L’un de ces députés du RN, Guillaume Bigot, ami de Boualem Sansal, a même été convié à s’exprimer à la tribune, estimant que l’écrivain est le «nouveau Dreyfus».
À lire aussi «Pour faire libérer Boualem Sansal, il faut le nommer ministre français de la Francophonie !»
«Est-ce qu’une nation peut se permettre d’emprisonner un homme pour régler ses comptes avec une autre nation ?», a déclaré Marine Le Pen devant les journalistes, alors que les relations entre la France et l’Algérie, historiquement tumultueuses, se sont gravement détériorées depuis quelques mois. «Je pense que c’est une attitude méprisable qui devrait indigner tout le monde, y compris l’extrême gauche. Mais je vois qu’elle ne semble pas vouloir se mobiliser», a-t-elle poursuivi. Au cours du rassemblement, la députée écologiste Sandrine Rousseau a été copieusement huée par la foule, pour avoir notamment mis en cause la responsabilité de Boualem Sansal dans ses déboires avec la justice algérienne, estimant que l’écrivain n’est «pas un ange».