Cessez-le-feu à Gaza : "Ce n'est pas du tout la fin du conflit, c'est la fin de cette étape de la guerre"... Le "8h30 franceinfo" de Dominique Moïsi

Dominique Moïsi, géopolitologue et conseiller spécial à l'Institut Montaigne était l'invité du "8h30 franceinfo", dimanche 19 janvier 2025. Il répondait aux questions de Benjamin Fontaine et Alix Bouilhaguet. 

Cessez-le-feu à Gaza : "Ce n'est pas le début d'un processus de paix"

"Ce n'est pas le début d'un processus de paix", a souligné le géopolitologue Dominique Moïsi, invité ce dimanche de franceinfo, à propos de l'accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas qui a été retardé. "Il s'agit pour le Hamas de montrer qu'il existe toujours puisqu'il peut continuer à faire chanter Israël", a commenté le spécialiste.

"Ce n'est pas du tout la fin du conflit, mais c'est la fin de cette étape de la guerre", a assuré Dominique Moïsi, sans pour autant "croire" à un retour "à la situation" actuelle. "Pour Israël, cet accord est une amère victoire", a-t-il poursuivi. Car "l'objectif principal" du Premier ministre Benyamin Nétanyahou "n'a pas été complètement atteint", selon lui : "Le Hamas est très affaibli, diminué militairement, ne jouera plus le rôle qu'il a joué précédemment mais il existe toujours". Pour Dominique Moïsi, "le président Trump a tordu le bras" au gouvernement Nétanyahou. "C'était plus facile pour Nétanyahou de dire non à Biden que de dire non à Trump. Dire non à Trump, c'est dire non à un homme qui, dans l'esprit de Nétanyahou, partage ses priorités, a la même vision de l'Iran et de la dangerosité des installations nucléaires iraniennes", a-t-il expliqué.

Il y a un "décalage entre le nombre des Israéliens et celui des Palestiniens" dans l'accord de trêve

Au sujet du contenu de l'accord de trêve, qui prévoit l'échange de 33 otages israéliens contre 737 prisonniers palestiniens, Dominique Moïsi a souligné "le décalage entre le nombre des Israéliens et celui des Palestiniens". "Il faut beaucoup de Palestiniens pour faire un seul Israélien", s'est-il étonné, rappelant l'échange, en 2011, du soldat israélien Gilad Shalit, libéré par le Hamas contre la sortie de prison de 1 027 Palestiniens. "On est dans une situation complètement différente, le nombre d'otages israéliens était au départ de 250" après l'attaque du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, a-t-il repris. 

"Le Hamas a montré à quel point il se souciait peu de la vie des Gazaouis", a ajouté le spécialiste, affirmant que le mouvement islamiste palestinien "les a utilisés comme des boucliers humains, cherchant systématiquement à installer ses postes de commandements dans des lieux qui étaient des écoles ou des hôpitaux". "Tout se passe comme si, pour libérer 3 000 Palestiniens, le Hamas avait délibérément choisi d'en sacrifier 47 000", a-t-il résumé.

L'interview est à retrouver en intégralité ici :