Depuis huit ans, Macron fragilise les paysans
Gérard Le Puill
Malgré le vote de trois versions de la loi Egalim et l’inscription de la Souveraineté alimentaire dans la fonction officielle du ministre de l’Agriculture en France, la situation économique et sociale des paysans continue de se dégrader. L’actuel président de la République ne sert que les intérêts des milliardaires et autres grandes fortunes au détriment des personnes qui produisent les richesses dans le pays.
Depuis la première élection d’Emmanuel Macron comme président de la République en 2017, cinq hommes et une femme se sont succédé dans la fonction de ministre de l’Agriculture. Ce furent, par ordre d’apparition le vieux sénateur radical Jacques Mézard , le député socialiste Stéphane Travert , le sénateur socialiste Didier Guillaume, puis Julien Denormandie , un proche collaborateur du président, ingénieur agronome de formation. Au début du second mandat présidentiel, le titre officiel de la fonction devint « ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire ». Le très discret centriste Marc Fesneau occupa la fonction pendant deux ans . Depuis quelques mois, Annie Genevard , toujours secrétaire générale du parti Les Républicains (LR) de Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez, à succédé à ce proche de François Bayrou.
Alors que les syndicats FNSEA et Jeunes Agriculteurs annoncent des actions revendicatives communes à partir du 26 mai prochain, nous nous sommes penchés sur l’évolution de la situation économique et sociale des paysans français et sur le recul de la souveraineté alimentaire du pays. Nous avons fait le choix de partir des informations publiées régulièrement dans « La France Agricole » qui arrive chaque semaine chez beaucoup de paysans.
Filières laitières en difficulté dans le pays aux 258 fromages
Dans le numéro de cet hebdomadaire paru le 16 mai, on pouvait lire concernant les producteurs de lait de brebis qui sert à produire des fromages réputés pour leurs qualités : « le nombre de points de livraison baisse d’année en année, notamment dans les bassins historiques de production. Entre 2020 et 2024, la filière lait de brebis a perdu 8% de ses points de collecte (…) De fait le moral n’est pas au plus haut. La situation économique des fermes productrices de lait de brebis a subi de fortes dégradation en 2022 et 2023 ».
Le même hebdomadaire paru le 9 mai annonçait en titre que dans la filière du lait de chèvre « les revenus des producteurs diminuent » et donnait les explications suivantes dans une brève information : « Si le prix du lait de chèvre a augmenté, le recul des volumes et la hausse des charges ont orienté à la baisse les revenus de la quasi-totalité des systèmes d’élevage en 2024 », s’est inquiétée la Fédération nationale des éleveurs de chèvres (FNEC) en assemblée générale les 23 et 24 avril à Rodez (Aveyron). Les éleveurs attendent « une revalorisation du prix de base du lait lors des prochaines négociations commerciales ». Mais revenons au lait de brebis. C’est bien en Aveyron , à Roquefort-sur-Soulzon que la multinationale Lactalis, détenue par les milliardaires de la famille Besnier, produit son « Roquefort Société ». C’est parce qu’elle paie ce lait trop mal que la production diminue.
Concernant le lait de vache, « La France Agricole » du 25 avril informait ses lecteurs que la demande et la production vont augmenter dans plusieurs régions du monde avant d’ajouter : « A l’inverse, les traditionnels bassins exportateurs sont en perte de vitesse. La production européenne a augmenté de 0,5% entre 2015 et 2023 et atteint aujourd’hui un palier. La Rabobank estime que l’Europe du Nord (Allemagne, Pays Bas, Danemark et Belgique) perdra 7,5 millions de tonnes de lait entre 2023 et 2035 ». Avant même la sortie en 2015 des quotas laitiers qui régulaient la production de lait de vache en Europe depuis 1984, ces pays avaient fait croître leurs troupeaux de laitières en production et les importations de tourteaux de soja depuis l’Amazonie en Amérique du sud pour nourrir le bétail. C’est aussi cette concurrence intra-européenne qui explique le prix trop bas du lait de vache au départ de la ferme France depuis 2015.
Laitières comme allaitantes, le nombre de vaches diminue
La principale conséquence de cette politique de mise en concurrence est le recul du troupeau de vaches laitières en France depuis 2017, faute de pouvoir installer assez de jeunes quand les anciens partent en retraite. Elles étaient brièvement analysées par le commentaire de Baptiste Buczinski , agroéconomiste à l’Institut de l’élevage dans « La France Agricole » du 18 avril : « En fin d’année 2024, le cheptel de vaches laitières s’est établi à 3, 3 millions de têtes, en recul de 70.000 têtes et de 2% par rapport à 2023. Depuis le pic de 2014 (année précédent la sortie officielle des quotas par pays en 2015, ndlr), à 3,83 millions de têtes, c’est la dixième année de baisse consécutive. Le compteur monte à 526.000 têtes perdues en une décennie, une baisse de 14%. Le repli s’est accéléré en fin d’année et se poursuit en 2025 », expliquait-il.
Le recul du troupeau de vaches laitières en France n’a pas fait croître celui des vaches allaitantes dans les races à viande. En témoigne cette autre information dans « La France Agricole » du 11 avril sous le titre « Bovins allaitants moins 5% » et ainsi résumé : « Il s’agit de la baisse des naissances de veaux allaitants français en janvier 2025. L’Institut de l’élevage (IDELE) estime un recul compris entre 5 et 7% notamment en raison des épizooties présentes dans l’Hexagone en 2024 (…) Cette baisse risque d’affecter fortement les disponibilités de broutards en 2025, pour l’engraissement en France comme pour l’export. L’Institut estime que ce recul pourrait être bine plus fort que ce qu’il avait estimé en début d’année ».
Voilà une longue série d’informations brutes et chiffrées qui nous montrent que la France est loin d’être engagée dans une politique de Souveraineté alimentaire incluse dan fonction officielle du ministre de l’agriculture depuis la fin du printemps 2022. Nous y reviendrons dès demain concernant la filière céréalière et les jours suivants sur d’autres filières.
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