Judo : la concurrence entre générations est lancée en équipe de France

Six mois après les Jeux, le Grand Slam de Paris a marqué ce week-end la reprise pour cinq olympiens qui n'ont pas réussi à décrocher l'or, à l'inverse de la jeune garde qui a ouvert une nouvelle «concurrence» vers Los Angeles 2028. L'argent pour Shirine Boukli (-48 kg), le bronze pour Walide Khyar (-66 kg) et Marie-Eve Gahié (-70 kg) et pas de médaille pour Alpha Djalo (-81 kg) et Maxime-Gaël Ngayap Hambou (-90 kg), qui a déclaré forfait pour son match pour le bronze. Au sein d'un tableau relativement ouvert, avec très peu de médaillés olympiques engagés, les cinq olympiens français présents à Bercy n'ont pas réussi à ramener l'or.

Pour cela, les Bleus ont compté sur la jeune garde : Romain Valadier-Picard (-60 kg, 22 ans), Martha Fawaz (-57 kg, 22 ans) et Léa Fontaine (+78 kg, 23 ans). Pour ceux qui avaient participé aux Jeux de Paris l'été dernier, «ce n'était pas évident de se relancer», a admis Khyar. «Honnêtement je ne pense pas que j'étais prêt sur ce tournoi mais j'avais envie de le faire quand même, avec les moyens du bord», a-t-il ajouté. Pas prêts, Teddy Riner, qui vient de se faire opérer du coude droit, et Clarisse Agbégnénou ne l'étaient pas davantage, et ont fait l'impasse, comme la majorité des héros des JO. Agbégnénou préfère ainsi «reprendre un peu plus incognito qu'à la maison comme ça, encore sous les feux des projecteurs, ce qui peut parfois être un peu stressant», a-t-elle expliqué dimanche.

Aussi Frédérique Jossinet, la nouvelle manageuse des Bleus, a-t-elle jugé que ceux qui revenaient des Jeux et ont repris ce week-end, ont été «très courageux. Revenir ici à Paris, se mettre à nu et repartir, c'est très fort» a-t-elle ajouté. Dans ces conditions, la vice-championne olympique à Athènes en 2004 applaudit le bilan de 15 médailles dont trois titres, permettant à la France de finir devant le Japon (avec toutefois beaucoup plus de judokas inscrits). «On a vu de belles choses, aussi bien chez les jeunes que chez les moins jeunes», a-t-elle apprécié. «Au-delà des résultats, ces deux jours nous apportent de nombreux enseignements, catégorie par catégorie. Nous avons déjà plusieurs indicateurs clés pour la suite. Les comités de sélection vont très bientôt se réunir, probablement d’ici la fin de la semaine, pour définir les prochains objectifs : Championnats d’Europe, Championnats du monde, et même des ambitions sur plusieurs saisons. Une réflexion approfondie sera menée avec les staffs.»

Dimanche, en l'absence de Romane Dicko dans sa catégorie des +78kg, Léa Fontaine, 23 ans, a remporté son premier Grand Slam de Paris en écrasant en finale la Sud-Coréenne Hyeonji Lee. À l'autre bout du spectre de carrière, Audrey Tcheuméo, 34 ans, a, elle montré qu'elle avait digéré sa non-sélection olympique en finissant avec le bronze. Également absent aux JO, Alexis Mathieu a aussi fini en bronze en -90 kg. Il devait affronter le médaillé de bronze olympique Ngayap Hambou mais celui-ci a, sur avis médical, déclaré forfait après une commotion en demi-finale.

«Satisfaite» du bilan des féminines, la nouvelle patronne des Bleues Lucie Decosse a expliqué que «l'objectif sur ces quatre ans c'est de faire monter des jeunes, de créer une concurrence dans ce groupe» entre expérimentées et plus jeunes. Les occasions d'observer cette concurrence ne manqueront pas en 2025 avec les Championnats d'Europe en avril au Monténégro puis les Mondiaux en juin en Hongrie. Avec ce mot d’ordre, affirmé par Stéphane Nomis, le président de la Fédération, avant le Paris Grand Slam : «On repart sur une nouvelle Olympiade et tout le monde part de zéro. Que le meilleur gagne. On ne va protéger personne. Nous, on va prendre les résultats les uns après les autres et on sélectionnera les meilleurs pour chaque championnat. On a eu des exemples incroyables pendant les Jeux Olympiques de Paris avec le petit Gaba ou Ngayap. Ils nous ont montré que tout est possible dans notre équipe de France. On voit qu’on a des jeunes talentueux. J’espère qu’il y en a d’autres qui vont sortir. J’espère même que le prochain Teddy Riner sera un Français.»