Comment le prix du timbre s’est envolé en quelques années

Pas une année ne passe sans qu’une nouvelle augmentation des tarifs ne soit annoncée par La Poste. Pour 2026, le verdict est tombé ce lundi : +7,4 % en moyenne dès le 1er janvier, avec notamment une hausse de 9,35 % pour la lettre verte – utilisée pour les envois du quotidien – qui passera à 1,52 euro contre 1,39 aujourd’hui. En toile de fond : l’érosion rapide et continue des envois de courriers papier, remplacés par le numérique. La Poste affirme perdre environ 500 millions d’euros de chiffre d’affaires par an du fait de cette attrition. Mais comment ont évolué les tarifs ces dernières années ? 

Entre 2015 et 2022, déjà, la hausse des tarifs est importante et ininterrompue. En l’espace de sept ans, le timbre rouge, qui permettait une distribution à J+1, grimpe de 0,76 à 1,43 euro, soit +88 %. Le timbre vert (J+2) passe, lui, de 0,68 à 1,16 euro (+70 %). Ces produits accusent déjà une obsolescence croissante : en 2020, un ménage n’envoie plus que cinq lettres prioritaires par an, contre 45 en 2008.

Le 1er janvier 2023 marque un tournant, la situation n’étant plus tenable en l’état. « Pour acheminer quotidiennement les Lettres prioritaires, La Poste sillonne la France avec une centaine de camionnettes, très peu remplies, à l’exemple de la liaison Dijon-Rennes, avec un véhicule qui parcourt 600 km chaque nuit pour seulement 500 lettres », se plaignait alors le groupe. Le timbre rouge disparaît, remplacé par une «e-lettre rouge», version dématérialisée à rédiger en ligne ou sur automate, distribuée le lendemain pour 1,49 euro, soit 6 centimes de plus que l’ancien timbre rouge. Le timbre gris Écopli, distribué sous quatre jours, est lui aussi supprimé, jugé trop peu utilisé. La lettre verte, elle, reste disponible, mais voit son délai rallongé à trois jours. Le tarif reste alors fixé à 1,16 euro.

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Depuis 2023, cependant, les tarifs postaux poursuivent leur trajectoire haussière, quelle que soit la catégorie. Le timbre vert passe à 1,29 euro en 2024 (+11,2 %), à 1,39 en 2025, et atteindra 1,52 euro (+9,35 %) en 2026. Quant aux e-lettres rouges, épargnées par les hausses en 2024 et 2025, elles n’échapperont pas à la règle en 2026 : elles seront portées à 1,60 euro (+7,4 %). Le timbre violet, utilisé pour les envois internationaux de moins de 20 grammes, est lui aussi concerné, puisqu’il passera de 1,80 euro en 2023 à 2,25 euros à partir du 1er janvier 2026 (+25 % au total).

Face à ces hausses successives, La Poste se veut toutefois rassurante : «En 2025, le budget d’un ménage en produits postaux représente 28 euros par an en moyenne». Or, «compte tenu de la baisse d’envois de courriers, cette dépense en produits postaux devrait s’afficher en diminution de 6% en 2026», argumente-t-elle. Avec un prix moyen de 1,85 euro pour l’envoi d’une lettre standard, la France se situe au-dessus de la moyenne européenne, qui est de 1,26 euro, selon les calculs de l’Agence fédérale allemande des réseaux (janvier 2025), dépassée uniquement par l’Islande, la Suède, la Norvège, la Finlande et le Danemark.