«La vie est moche et c’est trop court », chantait-il en 2016. Autant, dans ce cas, ne pas manquer les anniversaires. Le livre, imaginé par sa fille Lolita Séchan et le journaliste Erwan L’Eléouet, reviendra sur les grandes heures de la carrière du plus titi des chanteurs français, à l’occasion des cinquante ans de son premier disque, Amoureux de Paname, sorti en avril 1975. « On a gardé pour nous énormément de notre intimité, mais on a nommé les choses, les non-dits familiaux, sa paranoïa », assure dans Le Parisien l’autrice de bande dessinée, devenue manageuse de son père.
Dans Renaud, le livre (La Martinière), en librairie le 10 octobre, les admirateurs feuilletteront la vie du musicien à travers un récit nourri de témoignages ou de lettres. « Le livre est très honnête, à la fois sur les parents “collabos” de Renaud (son père a notamment travaillé à Radio Paris, NDLR), ses traumas, ses addictions… », égrène Lolita Séchan. Qui n’élude pas les questions sur l’état de santé de son père de 73 ans. « Il a arrêté de fumer et de boire. Mais il est extrême, donc il compense avec le sucre et la vapoteuse. Il a besoin de vibrer, il a besoin d’un comportement extrême, et en vieillissant c’est de plus en plus difficile. Je comprends, j’ai pas mal hérité de ça. »
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Passer la publicité«Chanter, c’est de plus en plus dur»
« Ma mère l’a longtemps accompagné, j’ai pris la suite, son ami d’enfance Jérôme, qui est médecin, est précieux, Pierre et Bloodi, ses anges gardiens, sont indispensables, sa femme Cerise … Surtout, c’est lui qui a sa force de vie, de remonter sur scène, de refaire des albums », témoigne Lolita Séchan. Avec le disque Les mômes et les enfants d’abord, Renaud avait amorcé un joli retour sur le devant de la scène il y a six ans. Plusieurs albums et tournées ont suivi, inégalement réussis. « Être sur scène, ça va, mais chanter, c’est de plus en plus dur », confiait-il au Figaro en 2019.
Depuis deux ans, Lolita Séchan a endossé le rôle d’agent, mais aussi d’aidant. « C’est très compliqué d’être aidant, ma mère l’a vécu, sa nouvelle compagne le vit, papa est complexe à vivre », dit-elle. « Dans plusieurs moments critiques, on m’avait parlé de le placer sous tutelle, mais c’est impensable de lui enlever sa liberté… même la liberté de se tuer », assène celle qui a hérité de son père le goût des cases de BD, des toiles de cinéma et des convictions politiques.
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« Ma philosophie, c’est que tant qu’il est vivant, on fait tout ensemble. Et que plus on prépare les choses du vivant des gens, mieux ça se passe après », veut-elle croire. Visiblement décidée à ne pas entraîner le clan Renaud dans des cacophonies posthumes. Pour l’heure, elle accompagne la préparation d’un documentaire, prévu pour 2026, et d’un événement encore tenu secret, toujours pour fêter ce long anniversaire des cinquante ans. Même si le sauvageon, comme il le proclame dans Mon anniv’, n’a « jamais pu blairer, jamais pu saquer les anniversaires », pas plus que « les flonflons, les bisous et les bonbons ».