Italie : la maire anti-islam de Montfalcone interdit le cricket

Sport peu implanté en Europe, si ce n’est en Grande-Bretagne, le cricket connaissait une hausse de sa pratique dans une ville de 30.000 habitants de la côte adriatique italienne, Monfalcone. Mais la maire Anna Maria Cisint, issue du parti d'extrême droite de la Ligue, vient d’en interdire la pratique dans sa commune. 

Arrivée à la tête de sa municipalité en 2016 et en force sur le thème de l’immigration, l’édile justifie sa décision par l'absence d'espace et le manque d'argent pour construire un terrain pour jouer au cricket. Le danger lié aux balles de cricket représente un autre argument avancé par Anna Maria Cisint. Les contrevenants désireux de pratiquer ce sport risquent jusqu’à 100 euros d’amende.  

«Ils sont libres d'aller jouer au cricket n'importe où ailleurs»

Mais des raisons plus politiques motivent cette décision. La population de cette ville est composée de 30% d’immigrés qui travaillent pour l'un des plus grands chantiers navals au monde du groupe Fincantieri. La plupart d’entre eux sont des musulmans d'origine bangladaise, arrivés depuis la fin des années 1990 dans le nord de l’Italie pour construire les bateaux de croisière géants. Et le cricket est leur sport national. «(Les Banglagais) n'ont rien donné à cette ville, à notre communauté, a affirmé l’édile auprès de la BBC. Ils n'ont rien donné à cette ville, à notre communauté. Rien du tout. Ils sont libres d'aller jouer au cricket n'importe où ailleurs... en dehors de Monfalcone»

La maire, qui a reçu des menaces de mort et est constamment sous menace policière, avait dénoncé à de nombreuses reprises «l'islamisation de l'Europe» et le mode de vie «incompatible» de la communauté musulmane bangladaise en Italie. 

La demande de main-d’œuvre étrangère importante en Italie

«Notre histoire est en train d'être effacée», a également déclaré celle qui a été élue au Parlement européen en juin. «C'est comme si elle n'avait plus d'importance. Tout change pour le pire. Il y a ici un processus très fort du fondamentalisme islamique. Une culture où les femmes sont très mal traitées et opprimées par les hommes.» Pourtant, la demande de main-d’œuvre est forte en Italie où 280.000 travailleurs étrangers par an jusqu'en 2050 seront requis pour compenser la diminution de la main-d'œuvre locale. C’est également le cas à Monfalcone, avec le groupe Fincantieri.

Ce n’est pas la première fois que Monfalcone est touchée par une polémique sur l’immigration. En 2018, la maire avait instauré un quota d'admission des enfants d'origine étrangère dans deux écoles maternelles publiques de sa ville. En 2023, près de 8000 personnes avaient manifesté dans les rues de la ville après la fermeture de deux centres culturels islamiques qui servaient de lieux de prière pour des raisons sécurités. Anna Maria Cisint avait motivé sa décision en affirmant que «beaucoup de vélos sont laissés sur le trottoir» et en pointant «des prières bruyantes cinq fois par jour, même la nuit». La justice a donné raison aux manifestants et les deux lieus ont rouvert leurs portes.