Solana, XRP, ADA... Ces cryptomonnaies que Trump veut mettre dans la réserve stratégique américaine
Les plans de Donald Trump en matière de cryptomonnaies se précisent. Ce dimanche, le 47e locataire de la Maison Blanche a dévoilé sur son réseau Truth Social les noms - en plus de Bitcoin et Ethereum - de trois cryptomonnaies qui pourraient alimenter la «réserve stratégique» d’actifs numérique, annoncée fin janvier. Objectif affiché de ce projet : «relever ce secteur crucial» après les «attaques» de l’administration Biden, et faire des Etats-Unis «la capitale mondiale des cryptomonnaies». Concrètement, la réserve fédérale devra d’abord contenir du bitcoin (BTC) et de l’Ethereum (ETH), qui seront «au coeur» de ce dispositif. Elles seront aux côtés de trois autres, moins connues : le Solana (SOL), l’ADA (basé sur la blockchain Cardano) et le XRP de Ripple. Le Figaro fait le point sur ces différents actifs numériques.
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XRP, la crypto des banques
Fondée en 2012 par la société Ripple Labs, cette cryptomonnaie s’appuie sur le réseau XRP Ledger. L’objectif initial est de faciliter les échanges internationaux entre banques en proposant une blockchain plus rapide et moins coûteuse que celle qui régit les échanges en bitcoin. La société s’était même présentée comme un concurrent au réseau interbancaire Swift, lui aussi américain. Promouvoir ces initiatives technologiques apparaît donc comme un moyen de rester dans la course. «Ripple pourrait, d’une certaine manière, accroître l’indépendance des USA dans un écosystème de paiement mondial en évolution», estime John Plassard, spécialiste senior en investissement de la banque Mirabaud et connaisseur des États-Unis.
Cette blockchain s’appuie sur un réseau semi-décentralisé bien plus concentré que celui du bitcoin. «On sait qu’il y a environ une centaine de machines qui valident les transactions», détaille Thibault Langlois-Berthelot, fondateur statutaire de Kryptosphere et élève-avocat au sein du cabinet spécialisé ORWL. Le réseau compterait au total quelque 900 machines, un nombre sans commune mesure avec les «50.000 machines qui enregistrent les transactions du réseau bitcoin, au minimum», évoque Thibault Langlois-Berthelot. «Comme il n’y a pas beaucoup de machines, les transactions sont effectivement validées très rapidement, mais au prix d’une décentralisation informatique bien moindre», nuance-t-il. D’autant que le réseau est fédéré par une centaine d’institutions bancaires telle que Bank of America, la Bank of England, HSBC ou UniCredit.
Cardano (ADA), le réseau des chercheurs
En 2015, un ancien fondateur du réseau Ethereum dévoile sa propre cryptomonnaie, ADA, fondée sur le réseau Cardano. Ce dernier s’appuie sur la Fondation Cardano et la société IOHK, et se base sur une approche académique et open-source. «Nous sommes une organisation entièrement décentralisée qui s’engage à respecter les principes les plus stricts en matière de rigueur académique», peut-on ainsi lire sur le site d’IOHK, la branche technologique de Cardano. «Même si Cardano est adossée à une équipe de chercheurs reconnus et bien identifiés, cela ne veut pas dire que la technologie est plus fiable que celle qui héberge le Bitcoin», tempère Thibault Langlois-Berthelot. «C’est d’abord un discours marketing pensé pour inspirer confiance… Ce qui peut fonctionner à court terme», commente le fondateur de Kryptosphere.
Comme le XRP et le Solana, la cryptomonnaie ADA s’appuie sur un réseau d’ordinateur bien plus resserré que le bitcoin, offrant des temps de traitement de quelques secondes pour les transactions, contre plusieurs minutes pour la mère des crypto-actifs. Pour John Plassard, l’administration Trump veut avant tout encourager ces avancées promises par ces blockchains alternatives. «En promouvant ces technologies de blockchain, Trump veut pousser l’innovation financière et poursuit son projet de faire des États-Unis le centre de la cryptomonnaie». «Pour Cardano, comme pour Solana et Ripple, le but premier est d’encourager une technologie qui n’a pas uniquement une valeur spéculative», poursuit le spécialiste en investissement.
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Solana, un potentiel de valeur théorique
Promouvoir des actifs numériques non traditionnels apparaîtrait également comme un formidable pied de nez à l’administration Biden. À l’approche de la campagne de l’automne 2024, l’ancien président s’était montré relativement conservateur dans son ouverture aux cryptomonnaies. «On sait que Biden était plus ou moins contre, mais il ne s’est jamais opposé aux “anciennes” cryptos comme le BTC et l’ETH. Or la nouvelle administration pense pouvoir attirer des investisseurs et des ingénieurs en promouvant des blockchains alternatives», explique John Plassard. Surtout que «ces trois cryptos ont un potentiel de croissance, certes théorique, mais qui reste beaucoup plus fort que le BTC, qui a déjà beaucoup grimpé depuis sa création», souligne-t-il.
Comme le bitcoin, le nombre de Solana est limité, ce qui induit une rareté programmée dont la valeur ne demande qu’à se révéler aux marchés. Et tout comme l’ADA, cet actif est un dérivé de l’écosystème Ethereum qui se veut plus rapide et sécurisé que le bitcoin. Mais toutes ces promesses peinent encore à convaincre les investisseurs : depuis son lancement en 2020, le SOL varie entre 15$ et 250$ (sa valeur la plus haute après les annonces de Donald Trump), tandis que l’ADA et le XRP n’ont encore jamais passé la barre des 3$. «Pour l’instant il n’y a que BTC qui semble confirmer sa valeur à long terme, les autres apparaissent comme un investissement plutôt technologique et commercial», pense Thibault Langlois-Berthelot. Quant à constater le potentiel de valeur pécuniaire réel des trois benjamines, «le marché et ses cours parleront d’eux-mêmes».