En quoi consiste le poste de haut-commissaire de l’ONU pour les réfugiés, convoité par Anne Hidalgo ?

Anne Hidalgo se projette déjà au-delà des frontières parisiennes, mais surtout françaises. Après avoir annoncé en novembre dernier qu’elle ne briguera pas un troisième mandat, la maire de Paris lorgne sur un poste tout à fait différent, relevant davantage de la diplomatie que de la politique : celui de Haut-Commissaire des Nations unies pour les réfugiés (HCR).

Ce Haut-Commissariat, également appelé Agence des Nations unies pour les réfugiés, est chargé, comme son nom l’indique, de protéger les réfugiés et de trouver des solutions durables pour les aider à reconstruire leur vie. «Notre vision est celle d’un monde où chaque personne contrainte de fuir peut se bâtir un avenir meilleur», explique le HCR sur son site. Cette organisation internationale veille également à l’application de la convention de Genève sur les réfugiés de 1951, qui prévoit qu’un État doit accorder le statut de réfugier aux personnes qui en font la demande. Ce texte constitue par ailleurs le principal cadre juridique de définition du droit d’asile dans les États signataires.

Difficultés financières

Le HCR a été créé un an avant la signature de cette convention, en 1950, afin d’accompagner les millions d’Européens qui avaient perdu leur foyer après la Seconde Guerre mondiale. Depuis, son action s’est étendue au-delà du Vieux Continent et travaille désormais dans 137 pays où il fournit des abris, de la nourriture, de l’eau et des soins médicaux aux personnes contraintes de fuir les conflits et les persécutions, détaille l’organisation. «À long terme, nous travaillons avec les pays pour améliorer et contrôler les lois et les politiques relatives aux réfugiés et à l’asile, en veillant à ce que les droits humains soient respectés», poursuit-il.

Mais depuis l’élection de Donald Trump, le HCR connaît des difficultés financières. L’organisation a annoncé en mars s’attendre à une «réduction significative» de ses effectifs faute de la manne américaine, alors qu’elle employait près de 20.000 personnes fin septembre 2024. Dès son retour dans le Bureau ovale, le président républicain a supprimé 83% des programmes de l’agence de développement américaine USAID, qui gérait à elle seule 42% de l’aide humanitaire déboursée mondialement.

Une situation inquiétante alors que près de 13 millions de personnes déplacées sont menacées, avait alerté l’ONU le 28 mars dernier. «Sans ressources adéquates, on estime que 12,8 millions de personnes déplacées, dont 6,3 millions d’enfants, pourraient être privées d’interventions sanitaires vitales en 2025», a déclaré Allen Maina, responsable de la santé publique au HCR.

Campagne discrète

L’Italien Filippo Grandi occupe actuellement la fonction de Haut-Commissaire du HCR depuis 2016, succédant à Antonio Guterres, devenu secrétaire général de l’ONU. À la fin de son deuxième mandat, Filippo Grandi aura passé 10 ans à la tête du HCR. Seul un Français a occupé ce poste depuis la création de cette organisation internationale : Sadruddin Aga Khan, un diplomate franco-suisse, de 1965 à 1977.

Avant de rejoindre le siège du HCR à Genève, Anne Hidalgo devra obtenir les voix de l’Assemblée générale des Nations unies. Et elle semble avoir engagé une campagne discrète, soutenue par Emmanuel Macron avec qui elle entretient une bonne relation depuis les JO de Paris. Lors de cet événement international, Anne Hidalgo s’était essayé à l’exercice diplomatique en recevant d’importants dirigeants politiques. La maire avait également travaillé avec des responsables des plus grandes institutions internationales durant la COP21 en 2015.

Si elle maîtrise modérément l’anglais, Anne Hidalgo parle couramment l’espagnol, sa langue maternelle et entretient déjà des relations solides et amicales avec Antonio Guterres, à qui elle devra rendre des comptes si elle est élue au poste de Haut-Commissaire. Elle l’avait d’ailleurs rencontré en septembre dernier lors de son déplacement à New York, au siège de l’ONU, dans le cadre de la Climate Week et de l’Assemblée générale des Nations unies.

L’édile parisienne reste néanmoins confrontée à un problème de timing puisque la date potentielle de son entrée en fonction est fixée au 31 décembre prochain. Soit trois mois avant les élections municipales, et donc la fin de son mandat de maire. Pour l’heure, le scénario d’un départ anticipé de la socialiste, laissant son premier adjoint Patrick Bloche aux manettes de la première ville de France, n’est pas envisagé. «Il n’est pas du tout question qu’elle démissionne», rétorque son entourage au Figaro. Un de ses proches évoque deux autres options dans La Tribune Dimanche : «Soit un accord de cumul des mandats pour trois mois soit un report du départ». Quelles que soient les hypothèses, cette même source assure qu’Anne Hidalgo «veut aller au bout de son mandat».