Mort du pape François : le football, l’autre religion du souverain pontife
Le pape François n'est plus. Avec sa mort, lundi 21 avril, les larmes ne coulent pas que sur les joues des chrétiens du monde. De l'autre côté du Pacifique, dans la banlieue de Buenos Aires (Argentine), une autre communauté pleure la disparition du souverain pontife : les supporters du Club Atletico San Lorenzo de Almagro. Une institution fondée en 1908, et qui a connu une célébrité internationale nouvelle en 2013, lorsque Jorge Mario Bergoglio, est devenu le pape François.
Le pape François, ancien joueur amateur, n'a pas attendu de s'asseoir sur le trône pontifical pour déclarer sa flamme au ballon rond. Dans sa deuxième autobiographie intitulée "Espère" publiée début 2025, le premier pape sud-américain de l'histoire est même revenu sur son amour pour le football, et pour son club de toujours : San Lorenzo.
Un gardien "avec deux pieds gauches"
"J'ai toujours aimé jouer au football, et peu importe si je n'avais rien d'un champion. À Buenos Aires, on appelait un type de mon genre une pata dura, ce qui veut dire que j'avais deux pieds gauches", écrivait ainsi le pape François. Ce qui explique en partie pourquoi ce dernier enfilait souvent les gants, dans les buts : "C'est un beau poste : il vous habitue à regarder la réalité en face, à affronter les problèmes ; on ne sait pas toujours très bien d'où ce ballon est parti, mais on doit quand même essayer de l'attraper. Comme dans la vie."
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A défaut de se faire un nom sur les terrains, Jorge Mario Bergoglio brillait davantage par le patronyme de sa mère, Regina Sivori, parente de l'attaquant Omar Sivori. Entre 1954 et 1969, ce joueur argentin, naturalisé italien, a brillé avec River Plate, la Juventus et Naples, au point d'être surnommé "El Pibe de Oro" (Le gamin en or), bien avant que ce surnom ne soit attribué à Diego Maradona.
"Quand nous parlions en famille des Sivori d'Argentine, ma mère racontait qu'en effet nous étions tous parents. Nous étions du même âge et vaguement apparentés, mais lui, c'est certain, n'avait pas reçu deux pieds gauches en héritage…", écrivait le pape dans son autobiographie. De ses parents, Jorge Mario Bergoglio hérite la passion pour San Lorenzo, club dont son père a porté les couleurs de la section basketball.
“J’étais un supporter du San Lorenzo ! Dans le quartier de Boedo, dont la maison de mes grands-parents maternels était assez proche, le bleu et le grenat du San Lorenzo de Almagro étaient partout : ils coloraient les rues, ils s’agitaient aux balcons, ils ornaient les fenêtres”
le Pape Françoisdans son autobiographie
Un choix du cœur on ne peut plus logique pour ce descendant d'immigrés italiens qui allait dédier sa vie à l'Eglise. "Ce club multisport a été fondé au début du siècle par un prêtre salésien lui aussi d'origine piémontaise, le père Lorenzo Massa", détaillait le Saint-Père dans son autobiographie. Dans celle-ci, un chapitre entier est consacré à "la main de Dieu" de Diego Maradona, face à l'Angleterre lors du Mondial 1986. "Quand, voici quelques années, je l'ai reçu au Vatican, je lui ai fait cette plaisanterie : 'Alors, quelle est la main incriminée ?'", racontait le pape François. A la question de savoir qui était le plus grand footballeur du monde, à défaut de trancher entre Diego Maradona et Lionel Messi, il avait préféré un choix audacieux pour un Argentin : Pelé [article en espagnol].
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Le 13 mars 2013, lorsque la fumée blanche apparaît dans le ciel du Vatican pour annoncer son élection, Jorge Mario Bergoglio fait la une des quotidiens sportifs argentins, et met la lumière sur San Lorenzo. En perte de vitesse sportivement, le club ressort immédiatement la carte de socio du nouveau souverain pontife, qui devient dès lors, son ambassadeur mondial.
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Au point d'avoir le droit à des fresques géantes à son effigie sur les murs du stade Nuevo Gasometro, comme s'il avait marqué l'histoire sportive de San Lorenzo, 15 fois champion d'Argentine.
Une mascotte pour le public argentin
Coïncidence ou pas, San Lorenzo remporte le championnat d'ouverture argentin en 2013, quelques mois après l'élection pontificale de François Ier, et même sa première Copa Libertadores (équivalent sud-américain de la Ligue des champions) en 2014. En 2023, San Lorenzo se pare même d'un maillot spécial pour célébrer les dix ans de pontificat de celui qui avait célébré la messe du centenaire de San Lorenzo, le 1er avril 2008.
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Le 24 mai 2011, lors d'une autre messe en l'honneur du club, celui qui n'est encore que cardinal se permet même une pique envers le célèbre club de Boca Juniors, dont les couleurs jaune et bleu ont été adoptées en référence à un bateau suédois : "Nous n'avons pas importé nos couleurs d'ailleurs, nous les avons demandées à la Vierge", assure alors Jorge Mario Bargoglio, en référence aux couleurs rouge et bleu d'un voile de la Vierge Marie.
Au-delà de sa passion pour San Lorenzo, le pape François a également reçu plusieurs équipes de football au Vatican durant son pontificat. Lors de sa messe au stade Vélodrome de Marseille, des supporters locaux lui avaient également réservé un tifo digne d'une grande soirée de football. Le genre de soirée que l'Argentin ne s'interdisait pas d'organiser depuis la basilique Saint-Pierre.
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En 2014 et 2016, il avait ainsi rassemblé Maradona, Ronaldinho, Totti, Trezeguet et d'autres anciennes gloires du ballon rond pour des "matchs interreligieux de la paix", au stadio Olimpico de Rome. Un symbole pour celui qui a toujours vanté la dimension universelle et égalitaire du ballon rond.