Xavier Bertrand : «Personne ne doit rien attendre de Marine Le Pen»
En août, l’entourage de Xavier Bertrand le disait «prêt à relever le défi». En septembre, le président LR de la région Hauts-de-France était l’un des candidats les plus crédibles au poste de premier ministre. Le cinquième jour du même mois, Emmanuel Macron a toutefois préféré nommer Michel Barnier. Depuis, l'ancien ministre du travail de François Fillon était demeuré silencieux. Ce samedi 12 octobre, Xavier Bertrand a accordé un entretien au Parisien dans lequel il tire les enseignements de cet épisode et commente les premiers pas du nouvel exécutif. Tout d’abord, il lie son évincement de la fonction à Marine Le Pen. Celle-ci aurait considéré «par expérience» qu’il représentait «la plus sérieuse menace» pour «son avenir».
Ennemi historique du Rassemblement National qu’il a déjà battu deux fois dans sa région en 2015 et en 2021 et pour qui il représente «le pire de la politique» selon le député Sébastien Chenu, Xavier Bertrand considère lui faire concurrence par son discours (relativement neuf) contre les délocalisations et fermetures d'entreprises dans le nord du pays. Aussi n’a-t-il pas été très surpris de voir le parti à la flamme menacer de renverser sans tarder le gouvernement s’il devait être gouverné par ses soins. Et sans doute pas étonné de voir Emmanuel Macron renoncer à le nommer devant cette perspective. «Cela fait partie de la vie politique», relativise l’élu. Cependant il prévient : «Personne ne doit rien attendre de Marine Le Pen. Tout dans son comportement, sa démarche ou même l'histoire politique de sa famille démontre que la notion d'intérêt général n'existe pas. Elle n'est pas l'arbitre de la vie politique.»
La hausse des impôts ne doit intervenir qu'en dernier recours, sinon on ne règle pas le problème des finances
Xavier Bertrand
Vis-à-vis du nouveau gouvernement, Xavier Bertrand se montre amène, salue l’autorité nécessaire et la grande expérience de négociateur de Michel Barnier qu’il se dit prêt à aider afin de servir le pays. «Je ferai des propositions», affirme-t-il. Que pense-t-il du budget présenté par le premier ministre ? Un peu de mal puisque, pour lui, «la hausse des impôts ne doit intervenir qu’en dernier recours, sinon on ne règle pas le problème des finances» et qu’il appelle le gouvernement «à renoncer à toute rétroactivité fiscale sur les revenus de 2024» et à ne pas décaler la revalorisation des pensions de retraites.
Mais, insiste-t-il, «il faut arrêter de tirer à boulets rouges» sur le premier ministre qui ne peut, «être en trois semaines responsable de la situation budgétaire». Laquelle «n’est pas nouvelle» et s’est accentuée à cause «des choix opérés, notamment après la crise Covid ». Xavier Bertrand cite notamment le pacte énergétique d’un montant de 104 milliards d’euros. Lui, dit-il, aurait investi cet argent «dans les services publics et la réduction de la dette». Mais pour l’heure, pas question de refaire l’histoire : «Chacun doit souhaiter et aider au succès du gouvernement».