Belgique : des propos du pape à l'origine d'une vague de débaptisations

Plusieurs dizaines de démarches collectives de débaptisation ont été engagées à l’automne dernier, dans la foulée de la visite du pape : une lettre ouverte collective a rassemblé 525 signatures en octobre dernier, et dans la grande ville wallone de Liège, 200 demandes ont été enregistrées à titre individuel.


Un phénomène à la mesure du choc provoqué en Belgique par les propos du pape François sur l’avortement : le souverain pontife a comparé les médecins qui pratiquent l’intervention volontaire de grossesse à des "sicari", un mot italien qui désigne en temps normal les tueurs à gages de la Mafia. Ce choix lexical a déclenché une onde de choc qui dure maintenant depuis plusieurs mois. Le Centre d’action laïque belge dit recevoir des centaines de courriers de la part de catholiques qui souhaitent effectuer une demande officielle de débaptisation auprès de l’Église.

Cela demande un certain nombre de démarches : il faut notamment envoyer un courrier au responsable de la paroisse où a eu lieu son baptême, ainsi qu’à l’évêque du diocèse concerné, pour que la demande soit ensuite traitée.

La question de l’avortement, sujet sensible en Belgique

Le très catholique roi Baudouin, qui a régné pendant plus de quarante ans sur le royaume, avait refusé en 1990 de signer la loi de dépénalisation de l’avortement. Il avait alors évoqué des raisons morales. "Serait-ce normal que je sois le seul citoyen belge à être forcé d’agir contre sa conscience ?", avait alors écrit le roi, qui n’avait lui-même pas pu avoir d’enfants. Baudouin avait même mis son abdication dans la balance à l’époque. La loi avait finalement été adoptée par le Parlement, se passant du sceau royal.

La foi catholique a longtemps été un ciment de l’identité belge. Dans un pays qui ne date que du XIXe siècle, et où aujourd’hui, plus que jamais, Flamands et Wallons se déchirent sur de nombreux sujets politiques, la foi catholique a réuni les deux côtés de la Belgique pendant longtemps. Un ciment qui devient aujourd’hui bien fragile, du fait du vieillissement de la communauté catholique, un phénomène européen auquel la Belgique n’échappe pas. Et du fait aussi de cette récente vague de débaptisations, qui vient fragiliser encore un peu les fondations catholiques de la monarchie belge.