Festival de BD d’Angoulême : des centaines d’auteurs menacent de boycotter la prochaine édition

La bande dessinée ne décolère pas. L’organisation du festival de BD d’Angoulême orchestrée par la société 9e Art+ a attiré les foudres de la profession, qui brandit sérieusement la menace d’un boycott de la prochaine édition, fin janvier 2026. Luz, Anouk Ricard, Art Spiegelman... Des grands noms y sont associés.

Une pétition lancée par les collectifs d’auteurs, le Syndicat des travailleur·euses artistes auteur·ices et #MetooBD, relayée par le site de L’Humanité le 17 avril, a recueilli plus de 1000 signatures pour enrayer un projet qui donnerait les pleins pouvoirs à la société 9e Art+, organisateur de la manifestation depuis près de vingt ans. La société privée envisage de fusionner avec l’association fondatrice du FIBD, ce qui écarterait toute mise en concurrence et lui donnerait les pleins pouvoirs. Une perspective inacceptable pour les opposants de cette initiative, après les dysfonctionnements de l’entreprise privée soulevés par une enquête de L’Humanité magazine, publiée en janvier dernier.

« Depuis plusieurs mois, nous, professionnel.les de la bande dessinée, auteur.ices et autres travailleur.euses du milieu, interpellons l’Association du FIBD d’Angoulême sur la nocivité du contrat qui la lie avec la société 9e Art+, depuis près de vingt ans, spécifie le texte signé par 400 auteurs de BD accompagnant la pétition. Une société dont les pratiques managériales ont été questionnées dans plusieurs articles de presse, dont une enquête de L’Humanité Magazine qui révèle notamment le licenciement d’une employée après qu’elle a dénoncé un viol lors de la 51e édition. »

Face à « l’aveuglement » et « au mépris affiché à l’égard de nos interpellations répétées », écrivent les artistes, la colère est montée d’un cran. Ceux qui estiment inacceptable que « la gérance de cet événement soit à nouveau confiée pour une décennie supplémentaire, voire plus [...] à une entreprise qui soulève de nombreuses interrogations sur ses prérogatives », appellent à boycotter purement et simplement la prochaine édition du Festival en 2026. 

Parmi les signataires du texte de grands noms de la bande dessinée y figurent. D’Anouk Ricard, Grand prix 2025 à Luz dont son album Deux filles nues  a été sacré Fauve d’or cette année, Art Spiegelman, Posy Simmonds, Blutch, Trondheim, en passant par Chris Ware, Catherine Meurisse, Joe Sacco ou Florence Cestac, pour ne citer qu’eux. « Sans nous, cette édition sera une coquille vide ! » promettent-ils en chœur. On veut bien les croire.