Mickey 17, Le secret de Khéops, Dans la cuisine des Nguyen... Les films à voir et à éviter cette semaine
Mickey 17 - À voir
Film de science-fiction de Bong Joon Ho - 2h17
L’intrigue de cette satire sociale déguisée en blockbuster futuriste burlesque s’appuie sur le roman d’anticipation d’Edward Ashton Mickey 7, paru en 2022. Robert Pattinson y incarne Mickey Barnes, un pauvre type poursuivi par des créanciers redoutables qui veulent lui faire la peau. En 2054, rien ne va plus sur notre pauvre Terre. Un politicien mégalomane et despotique a décidé de lancer une expédition interplanétaire vers la planète gelée Niflheim, qu’il compte coloniser. Mickey s’embarque dans l’aventure. S’il meurt durant sa mission, il est « réimprimé ».
Comédie de science-fiction politique, Mickey 17 explore avec une bonne dose de cynisme et d’humour noir la déshumanisation des humains dépassés par leur condition. Le mordant pamphlet du cinéaste sud-coréen y ajoute un degré supplémentaire de dérision et de cynisme qui s’assombrit un tantinet vers la fin, saupoudré d’une singulière mélancolie. O.D
Le Secret de Khéops - À voir
Film d’aventures de Barbara Schulz - 1h39
Il n’est pas donné à tout le monde de réussir une comédie d’aventure pop et pétillante à la Philippe de Broca. En passant pour la première fois derrière la caméra, la comédienne Barbara Schulz a réussi son pari. Avec Le Secret de Khéops, on plonge dans une intrigue de chasse au trésor archéologique savante, drôle et décomplexée. Fabrice Luchini mène la danse dans le rôle de Christian Robinson, un infatigable chercheur de reliques antiques, notre Indiana Jones mâtiné de Professeur Tournesol piste le trésor de la chambre royale du pharaon Khéops depuis plus de trente ans.
Barbara Schulz, qui aurait rêvé de devenir archéologue étant gamine, met en scène cette virevoltante fantaisie archéologique avec beaucoup d’allant et de rigueur. Elle a même fait valider la partie napoléonienne par l’historien David Chanteranne, tout en confiant la supervision de la partie égyptienne à l’égyptologue Jean-Guillaume Olette-Pelletier. Le Secret de Khéops est un film enlevé, cocasse et bon enfant. Une pépite de naïveté, de drôlerie et d’entrain pour toute la famille, parfait et lumineux antidote en ces temps bien sombres. O.D
Dans la cuisine des Nguyen - À voir
Comédie musicale de Stéphane Ly-Cuong - 1h39
Du pays de ses parents, Yvonne Nguyen ne connaît pas grand-chose. Elle n’a de toute façon jamais mis les pieds au Vietnam. Yvonne n’est pas du genre contemplative, tout comme ne l’est pas l’étonnant film de Stéphane Ly-Cuong qui aborde d’une manière aussi tonitruante que fine la quête identitaire de ces Français d’origine asiatique. Tonitruante parce qu’il choisit le biais de la comédie musicale pour l’évoquer. Yvonne veut depuis toujours percer dans ce milieu artistique. Elle se rêve en star de Broadway mais pour l’heure, c’est en « reine des nems », animatrice d’un corner culinaire en supermarché qu’elle gagne sa croûte. Les castings la rembarrent de manière un peu gênée. « Désolée, mais il y avait peu d’Asiatiques dans les Vosges au XVe siècle… »
Cette difficile recherche de modèles quand on baigne dans deux cultures est au cœur du film de Stéphane Ly-Cuong. Le long-métrage parvient à la fois à toucher et à réjouir celui qui le regarde, évacuant prestement la mièvrerie à coups de paillettes dorées et de quelques chansons. On retiendra un concert mélancolique de la « Dalida vietnamienne », un joyeux karaoké ou une ritournelle qui reprend le titre du film, Dans la cuisine des Nguyen, le tout formant un ensemble pop et harmonieux. F.D
Les filles du Nil - À voir
Documentaire de Nada Riyadh et Ayman El Amir - 1h42
On peut être une jeune fille copte dans un village du sud de l’Égypte et vouloir faire du théâtre. Loin du Caire et d’Alexandrie, où se concentre l’activité culturelle. C’est ce que montre Les Filles du Nil, documentaire qui part à la rencontre de six femmes en devenir qui croient à l’émancipation par la création artistique. La rue est leur scène, les passants leurs spectateurs. Bras nus, froufrous sur la tête, elles attirent la curiosité, mettent mal à l’aise et provoquent aussi parfois des insultes et des attaques.
C’est grâce à une immersion totale auprès de ces familles pendant quatre ans que les cinéastes ont pu capter ces moments d’intimité. Les jeunes filles y ont largement contribué, voyant dans la caméra une autre façon de s’exprimer. En résulte un film tourné comme une fiction, où l’absence de voix off contribue à dérouler une histoire du seul point de vue des protagonistes. Confrontée à l’oppression patriarcale, cette jeunesse égyptienne offre un témoignage saisissant, montrant que la violence n’a pas besoin d’être physique. F.V
Le système Victoria - À éviter
Drame de Sylvain Desclous - 1h41
David (Damien Bonnard) doit superviser la construction d’une tour à la Défense. Il n’est pas architecte. Ses supérieurs le lui reprochent assez. Il fait la rencontre de Victoria dans un magasin de jouets qui lui donne sa carte de visite. Elle habite Bruxelles. Il la reverra dans des chambres d’hôtel. Elle lui conseille d’accepter de finir le gratte-ciel, quelles que soient les conditions. On comprend par là qu’elle représente « les puissants ». D’accord, il mettra les bouchées doubles, pressera ses équipes comme des citrons. Le nigaud ne se doute de rien. Il est baba de serrer dans ses bras cette femme fatale. Et ces Koweïtiens qui lui proposent 300 000 euros pour saboter le chantier à moitié, ils arrivent à point nommé, tiens. Une bonne odeur de corruption monte aux narines.
Damien Bonnard et Jeanne Balibar peinent à rendre passionnante cette plongée dans les dessous du BTP. Après l’original et stimulant De grandes espérances, ce Système Victoria déçoit. É.N