Une première. Ces 22 et 23 novembre, le sommet du Groupe des 20 économies majeures se déroulera à Johannesburg, la présidence tournante revenant cette année à l’Afrique du Sud. C’est la première fois que l’organisation regroupant 19 pays et deux entités régionales (l’UE et l’Union africaine, UA) se réunit sur le continent africain.
À noter que les membres du G20 représentent 85 % du PIB mondial et environ deux tiers de sa population. L’Afrique du Sud est le seul État membre du continent, même si l’UA a été admise comme groupe en 2023. Voici ce qu’il faut retenir sur ce sommet africain inédit, qui se tient dans un contexte d’instabilité mondiale grandissante et de tensions entre Pretoria et Washington.
Passer la publicité«Solidarité, Égalité, Durabilité»
Pretoria a établi plusieurs priorités pour sa présidence du G20. Parmi elles, figurent le renforcement de la résilience face aux catastrophes, la viabilité de la dette pour les pays à faible revenu, le financement d’une «transition énergétique juste» et l’exploitation des «minéraux critiques pour une croissance inclusive et un développement durable». Son thème est par ailleurs : «Solidarité, Égalité, Durabilité».
L’Afrique du Sud, classée par la Banque mondiale comme le pays le plus inégalitaire au monde, a mandaté une équipe d’experts pour analyser les inégalités mondiales de richesse et proposer des solutions au sommet. L’équipe, dirigée par le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz, a appelé à la création d’un panel international pour s’attaquer à «l’urgence des inégalités» qui laisse 2,3 milliards de personnes en situation d’insécurité alimentaire modérée à grave.
Boycott de Trump et Milei
Après de nombreux revirements, il a été annoncé jeudi soir qu’aucun représentant des États-Unis ne participerait au sommet sud-africain. Donald Trump a même qualifié la présidence de son homologue Cyril Ramaphosa de «véritable honte». Le 47e président des États-Unis a multiplié les attaques contre l’Afrique du Sud depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, l’accusant notamment d’orchestrer un «génocide blanc ». Il a aussi infligé à Pretoria des taxes douanières de 30 %, les plus élevées pour l’Afrique subsaharienne.
Dans le sillage de Donald Trump, son allié argentin Javier Milei ne fera pas non plus le déplacement. Il sera toutefois représenté par son ministre des Affaires étrangères. Vladimir Poutine ne sera pas non plus du voyage, mais son absence est observée depuis plusieurs années déjà. Malgré le boycott américain et l’absence de plusieurs puissances, l’Afrique du Sud assure s’attendre à un sommet «réussi».
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Pas de rencontre Macron-Tebboune
Emmanuel Macron est d’ores et déjà en Afrique du Sud pour assister au sommet du G20, mais il ne pourra s’entretenir avec le président algérien Abdelmadjid Tebboune, qui a annoncé jeudi soir qu’il ne s’y rendrait finalement pas.
Passer la publicitéCette absence coupe court à toute possibilité de rencontre entre les eux dirigeants, pour tenter d’apaiser la relation des plus tendues entre la France et l’Algérie. Un signal positif a toutefois été récemment envoyé par Alger, qui a libéré l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal après un an de détention.
Lumière sur la ville de Johannesburg
La réunion des dirigeants du G20 doit se tenir dans la métropole de Johannesburg, au parc des expositions Nasrec, le plus grand d’Afrique du Sud. Situé à la périphérie de Soweto et choisi comme symbole de «l’intégration spatiale» post-apartheid, le lieu accueille habituellement des événements de premier plan comme le congrès annuel du parti au pouvoir, l’ANC. Il est également voisin du stade ayant accueilli la finale de la Coupe du monde de football de 2010.
Née à la fin du XIXe siècle d’une ruée vers l’or, la ville de Johannesburg abrite le plus grand nombre de millionnaires (en dollars) du continent avec près de 12.000 d’entre eux, concentrés dans quelques quartiers privilégiés. La ville héberge autrement 6 millions de personnes.
Johannesburg souffre pourtant d’infrastructures délabrées - éclairage public, routes, etc. - et de services défaillants. Le président Cyril Ramaphosa a fustigé en mars son état «pas très agréable» et a demandé des améliorations. La Banque africaine de développement a approuvé en juillet un prêt de 139 millions de dollars pour que la ville puisse moderniser ses services publics.
Dernière édition du cycle «Sud global»
Après des éditions au Brésil (2024), en Inde (2023) et en Indonésie (2022), celle en Afrique du Sud marque la fin d’un cycle de présidences du «Sud global», puisque Pretoria s’apprête à passer le relais aux États-Unis.
Passer la publicitéDonald Trump a d’ores et déjà annoncé qu’il comptait réduire radicalement le champ des discussions, qui s’est au fil des années élargi pour inclure des groupes de travail sur des questions sociales, au-delà de son cadre économique initial.
Le président américain a également remis en question la présence de l’Afrique du Sud dans les «Gs», soulevant des interrogations sur l’avenir du G20.