Dans les années 1920, le jeune Boris Pilniak (1894-1937) était une coqueluche littéraire de Moscou. Ambassadeur des lettres soviétiques, il voyagea en Europe avant d’aller voir plus loin, en Chine, au Japon et même aux États-Unis, pays pour lequel il cacha mal sa fascination. Mais très vite, ses écrits firent grincer des dents. En 1929, son roman Acajou fut censuré. Et pour cause, bien que le point de vue du roman soit mouvant, ce livre n’est manifestement pas à la gloire de l’État soviétique. On ne sera pas étonné que, en 1937, Boris Pilniak ait été «purgé» et condamné au goulag, où il mourut.
De quoi parle donc la pépite littéraire qui signa son arrêt de mort? Voilà le cadre: en 1928, deux frères antiquaires se rendent en chemin de fer à deux cents verstes au nord de Moscou, dans une vieille cité russe, Ouglitch, et c’est comme s’ils s’enfonçaient dans la nuit des temps. Accueillis par un indicateur, ils vont frapper aux portes d’anciennes demeures nobles ou bourgeoises dont les familles…