Canonisation de Carlo Acutis : comment le corps du jeune homme, décédé en 2006, est-il conservé ?
Près de vingt ans après sa mort, le pape Léon XIV s’apprête à canoniser Carlo Acutis, faisant de lui le premier saint du XXIe siècle. L’adolescent italien est brutalement décédé en 2006 à l’âge de 15 ans d’une leucémie foudroyante. De son vivant, il était connu pour sa grande piété, précoce, et sa passion pour l’informatique, lui valant le surnom de «cyber-apôtre» ou «geek de Dieu».
La dépouille du «patron d’internet et de tous les internautes» est exposée depuis 2022 à Assise, en Italie, dans l’église Santa Maria Maggiore et attire de larges foules. Plus d’un million de personnes en 2024 et déjà plus de 400.000 fidèles et curieux en 2025 - selon l’AFP - se sont recueillis devant son corps qui ne semble pas avoir été altéré par les deux décennies qui se sont écoulées. L’adolescent, le visage joufflu, vêtu d’un jean, d’une veste de jogging et un chapelet entre les mains, repose paisiblement dans un cercueil de verre, comme s’il était endormi.
Passer la publicitéLes images du jeune homme qui ont fait le tour du monde questionnent sur les pratiques de conservation de sa dépouille. En temps normal, dès lors qu’une personne décède, les différentes étapes de la décomposition du corps débutent «dès les premières heures», affirme Mickaël Boilon, un thanatopracteur qui a l’habitude de partager les coulisses du métier sur les réseaux sociaux, où il est suivi par plus de 160.000 personnes sur TikTok notamment. «D’abord, le corps se refroidit puis survient la migration du sang, la progression de la rigidité de tout le corps et la prolifération des bactéries qui sont censées désintégrer le corps», énumère-t-il.
Corps «incorruptible»
Sauf que, dans quelques rares cas, la désintégration du corps est «plus lente» voire peut être «stoppée», laissant la dépouille dans un état de déshydratation extrême. «Cela dépend des conditions de conservation du corps et notamment du taux d’humidité. Par exemple, les corps se conservent mieux dans une grotte ou une crypte», illustre-t-il.
«Celui de Carlo Acutis semble être dans ce cas de bonne conservation, communément appelé “incorruptible”», suppose le spécialiste. «Cela signifie que le corps n’est pas intact, mais qu’il est resté intègre, avec tous ses organes et sa masse osseuse - le squelette. Cependant, sa peau devait être très asséchée et noircie, comme momifiée», poursuit-il.
«Cire» ou «silicone»
Dans un entretien accordé au Corriere della sera, la mère de Carlo Acutis, Antonia, a confié que lors de l’examen canonique de la dépouille de son fils le 23 janvier 2019, «son corps avait été retrouvé intègre». «C’était toujours notre grand garçon, la peau légèrement plus foncée, avec tous ses cheveux noirs et bouclés. Et le même poids», a-t-elle décrit.
Toutefois, la dépouille aujourd’hui exposée ne présente pas de peau noircie. Ainsi, Mickaël Boilon suppose que des spécialistes ont confectionné une couche de «cire» ou de «silicone» et l’ont déposé par-dessus la dépouille pour ainsi rendre à Carlo Acutis son apparence d’adolescent simplement endormi. Pour cela, les experts auraient relevé des empreintes et réalisé un moulage de chaque partie du corps, sur le même principe que les statues «du musée Grévin», précisant qu’aucun entretien n’est nécessaire mais qu’une certaine température doit être requise dans le cercueil.
Passer la publicitéDe son côté, le Vatican ne s’est jamais exprimé sur les techniques qui auraient été appliquées au corps sur jeune homme. Pour les Églises catholique et orthodoxe, l’existence de ce type de dépouilles dites «incorruptibles» s’explique par une intervention divine. Seuls quelques corps humains, en particulier les saints et les béatifiés, échappent au processus de décomposition après le décès, selon elles.
Le Vatican a reconnu deux miracles associés à Carlo Acutis, condition préalable à sa sanctification : la guérison d’un enfant brésilien atteint d’une rare malformation du pancréas, puis celle d’une étudiante costaricienne grièvement blessée dans un accident. Dans les deux cas, leurs proches avaient invoqué l’aide de l’adolescent. «Chaque jour, nous recevons des nouvelles de miracles, de guérisons et de conversions», a assuré sa mère.