Après la grève des archéologues, l’inquiétude persiste face au manque de financement

Le secteur, qui œuvre à la sauvegarde du patrimoine archéologique, accuse un déficit budgétaire de quinze millions d’euros sur l’année 2024. THOMAS SAMSON / AFP

Les agents de l’Institut national de recherches archéologiques préventives et des services régionaux de l’archéologie seront en grève du 1er au 11 avril pour dénoncer une gestion « austéritaire ».

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Les archéologues français sont en grève. Du 1er au 11 avril 2025, les agents de l’Inrap et des services régionaux de l’archéologie (SRA) se sont mobilisés pour dénoncer l’insuffisance dramatique des financements publics alloués à l’archéologie préventive. Le secteur, qui œuvre à la sauvegarde du patrimoine archéologique, est aujourd’hui confronté à un déficit budgétaire de quinze millions d’euros. Un sous-financement qui pèse lourdement sur le travail des chercheurs et des techniciens.

« Nous avons eu des réunions avec le ministère de la Culture, mais les problèmes de financement et de moyens restent inchangés. Il y a une vraie tension, et nous n’avons pas encore trouvé de réponses satisfaisantes », explique Virginie Decoupigny, membre du syndicat général des personnels du service public de l’archéologie CGT-Culture. Le préavis de grèves déposé par les syndicats – SGPA CGT-Culture, SNAC-FSU, SUD CultureSolidaires – a été marqué par une journée de manifestation, le 2 avril. « On a envahi le ministère. Ils n’ont pas eu le choix de nous recevoir », raconte Virginie Decoupigny.

Cette action faisait partie d’une série de manifestations visant à attirer l’attention sur le manque de moyens alloués à l’archéologie préventive. « Moins de diagnostics, ce sont moins de fouilles pour les années suivantes, encore plus de destructions du patrimoine archéologique », avertit le syndicat dans un communiqué publié le 25 mars.

Les syndicats demandent 260 nouveaux postes

Le déficit de quinze millions d’euros sur pour l’année 2024, combiné à la réduction des effectifs, aggrave encore la situation. En 2024, 63 postes ont été supprimés dans la seule filière scientifique et technique, alors que le besoin de recruter de nouveaux talents au sein de l’Inrap est estimé à 260 postes. Pour Virginie Decoupigny, les archéologues, au sein de l’Inrap et des services régionaux de l’archéologie (SRA), font face à une surcharge de travail. « Nos financements stagnent depuis des années, alors que le nombre d’aménagements et de diagnostics à réaliser ne cesse de croître », explique-t-elle.

L’archéologie préventive consiste à réaliser des diagnostics, puis des fouilles si nécessaire, avant tout travaux d’aménagement du territoire, pour éviter la destruction de sites patrimoniaux. Cependant, l’augmentation des délais d’attente et la réduction des moyens alloués à cette mission de service public mettent en danger ce rôle essentiel. « Ça met en tension tout le monde, les aménageurs vont aller voir les députés, les élus. Nous, on veut juste faire notre travail, on est une mission de service public », souligne-t-elle.

Le préavis de grève qui a débuté le 1er avril 2025 prend fin vendredi 11 avril, mais la mobilisation des archéologues est loin d’être terminée. « Nous allons également lancer une pétition et il y aura d’autres préavis de grève », alerte Virginie Decoupigny.