En 1917, la guerre s’enlise et l’arrière s’épuise. Or, une nuit d’orage, un homme frappe à la porte d’un château. Avant la guerre, il était un grand peintre, il avait l’habitude d’être reçu par la maîtresse de maison. Or, ce soir-là, il est un déserteur et elle le chasse sans un mot. L’histoire pourrait s’arrêter ici, mais c’était sans compter Rosalie, qui, saisie de compassion, décide de cacher le soldat au grenier…
LE FIGARO. - Votre famille a hébergé un homme dans son château pendant la Grande Guerre . Serait-ce le déserteur dont vous racontez la cache dans votre roman ?
Passer la publicitéGaëlle NOHANT . - L’Homme sous l’orage est une histoire familiale et une vraie fiction. Il est né d’un souvenir d’enfance : le domaine dont il est question et le château appartenaient à mon arrière-grand-mère. J’y ai passé beaucoup d’étés jusqu’à mes 14 ans, et, dans ce château qui est aujourd’hui un peu à l’abandon, il y a encore un immense tableau qui représentait plusieurs membres de ma famille, dont mon arrière-grand-mère jeune fille. Quand j’étais enfant, je croyais que mon arrière-grand-mère avait caché un peintre déserteur pendant la Grande Guerre. Alors que pas du tout ! Mais l’histoire que j’avais déformée me plaisait, et la voici…
À travers ce déserteur, vous posez la question du devoir et des injonctions. Peut-on dire que ce roman interroge notre rapport à la liberté ?
Oui et je crois que c’est vraiment mon obsession de livre en livre. La première fois que je me suis posé la question de la liberté, c’était déjà à propos de la guerre de 14. Imaginez donc : vous avez plein de projets, et on vous dit : « Tu vas aller à Verdun . » Que faire de ça ? Nos vies et nos histoires familiales sont traversées de ces carrefours-là. Que reste-t-il de la liberté face aux injonctions ? Je crois au destin, oui, mais je ne suis pas fataliste. C’est tout le chemin de l’être humain d’essayer de trouver une place pour la liberté et de batailler pour la garder.
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Il faut avoir une foi en l’homme pour peindre
Gaëlle Nohant
Dans votre livre, il y a la guerre, les femmes et un troisième personnage : l’art, en l’occurrence la peinture.
En effet. Je ne peins pas, donc j’ai beaucoup lu et travaillé pour tenter de comprendre le rapport d’un peintre à l’objet peint, particulièrement avant la Grande Guerre. Je pense que l’art fait partie des énergies qui contribuent à sauver ce qu’il reste d’humanité. Il faut avoir une foi en l’homme pour peindre. C’est peut-être pour ça que la plupart des peintres, même ceux qui ont fait la guerre, ne l’ont pas peinte. Ils ont tenté de chercher la pulsion de vie face à la pulsion de mort. Comme dans mes livres : la pulsion de vie l’emporte. Toujours.