Coupe de France : d'une "catastrophe" à une fin de saison insensée... Comment Pierre Sage a permis à l'OL de prétendre à un premier titre depuis 2012

"Même si on écrit ce scénario pour Netflix, on ne pourrait pas l'inventer. On ne peut pas qualifier cette saison, c'est une catastrophe que l'on transforme en rêve." Les mots de David Friio, le directeur sportif de l'Olympique lyonnais, en disaient long, le 19 mai, sur la performance accomplie par le club depuis six mois. Opposé au Paris Saint-Germain en finale de la Coupe de France, il vise son premier trophée depuis 2012, samedi 25 mai. Une rencontre qui, dans une autre dimension, probablement plus rationnelle, aurait pu permettre de sauver une saison désastreuse.

Encore lanterne rouge de Ligue 1 en décembre, alors qu'il ne comptait que sept petits points en quatorze journées, l'OL est non seulement parvenu à se maintenir – ce qu'aucun club n'avait fait avec un tel bilan – mais aussi à décrocher une qualification directe pour la Ligue Europa lors de l'ultime journée contre Strasbourg (2-1), dimanche. L'élément déclencheur d'une telle remontée ? Son entraîneur, Pierre Sage.

Sage, le ciment du collectif lyonnais

Arrivé en tant qu'intérimaire le 30 novembre dernier pour succéder à Laurent Blanc et Fabio Grosso à la tête d'une équipe moribonde, l'ex-directeur de l'académie des Gones a réussi à redonner vie au club grâce à sa psychologie, longtemps mise à l'épreuve dans les divisions inférieures du football français (en district, puis à Chambéry, La Duchère ou encore au Red Star en tant qu'adjoint d'Habib Beye).

"Ce n'est pas un coach à l'ancienne qui va secouer les joueurs, les engueuler. Non, c'est plutôt un éducateur qui va savoir bien placer les mots au bon moment. Il ne s'énerve pas souvent et surtout, il connaît l'école lyonnaise. Les joueurs ont pris positivement son discours humble", analyse l’ex-défenseur brésilien Cris, dont Pierre Sage était le tuteur en 2014 lorsqu'il suivait une formation pour officier sur les bancs.

Evidemment, le poids du mercato hivernal de l'OL – évalué à 46 millions d'euros par le site spécialisé Transfermarkt, soit le plus cher d'Europe – a bien aidé. Que ce soit en apportant des pièces maîtresses au onze type, comme Nemanja Matic et Said Benrahma, ou de la concurrence à des cadres qui n'y arrivaient plus. Mais le mérite revient largement au tacticien jurassien de 45 ans, toujours flanqué de son survêtement aux couleurs du club.

"Je pense qu'à la mi-saison, il y a eu un vrai changement dans la façon dont le coach a géré le groupe. Il a su nous aider à reprendre du plaisir, ce qui était essentiel. Et avec les arrivées, que les gars jouent ou pas, nous avons formé un groupe soudé. Même quand on était menés, on savait que les gars qui allaient entrer pouvaient renverser les choses", détaillait Maxence Caqueret à L'Equipe mercredi. A juste titre puisque sous Pierre Sage, l'OL a pris 22 points sur 46 après avoir été mené, signant au passage des retours irréels contre Brest (4-3), Monaco (3-2) ou encore Lille (3-4).

La Ligue 1 comme tremplin vers la finale

Une dynamique qui comptera forcément au moment de se présenter sur la pelouse du stade Pierre-Mauroy samedi pour y défier la formation de Luis Enrique. Ce dernier a lui joué la carte de la fraîcheur en accordant du repos à ses cadres depuis l'élimination en Ligue des champions. 

"Mentalement, l'OL est mieux préparé pour la finale grâce à l'état d'esprit. Avec le parcours en championnat et les matchs de fou, les joueurs sont en confiance."

Cris, ancien capitaine de l'OL

à franceinfo: sport

Au soir de la qualification en finale début avril, tandis que des milliers de supporters avaient envahi la pelouse du Groupama Stadium pour célébrer la victoire contre Valenciennes (3-0), Pierre Sage a attisé l'ambition de ses troupes en commençant à parler d'une place européenne qui semblait encore inconcevable. Une manière de les garder mobilisés jusqu'au bout et de monter en puissance jusqu'à ce 25 mai, plutôt que de se contenter d'une anonyme place dans le ventre mou de Ligue 1.

"Nos objectifs ont toujours été à notre portée, c'est là que Pierre Sage a été bon. Il nous a parlé de maintien plutôt de parler d'Europe quand on était tout en bas. C'était intelligent, on s'est toujours fixé des objectifs auxquels on croyait", avouait Alexandre Lacazette, dimanche dernier après avoir envoyé son équipe en C3 à la faveur de ses 21e et 22e réalisations de l'exercice (toutes compétitions confondues). Reste désormais le plus grand défi.

Une défense fragile

"Cette saison est historique. Mais l'objectif, c'est de la rendre historique avec un H majuscule. On ne s'est pas qualifiés pour jouer la finale mais pour gagner cette coupe", précisait celui que l'on surnomme "Stone Wise" entre Rhône et Saône, tandis que son président, John Textor, annonçait de son côté qu'il allait poursuivre l'aventure avec lui l'année prochaine.

Les Lyonnais auront fort à faire face à des Parisiens qui les avaient déjà privés d'un nouveau trophée lors de leurs dernières finales (en Coupe de la Ligue en 2014 et 2020) et qui les ont dominés 4-1 au Parc des Princes, avec une équipe remaniée, il y a un mois. Qui plus est avec leurs fébrilités défensives régulièrement affichées malgré les séries de succès (quatrième pire défense de L1 en 2024). Mais pas de quoi inquiéter Cris, qui a remporté les deux dernières Coupes de France lyonnaises en 2008 et 2012 : "Avec Lyon cette année, tout peut arriver." Si la région est réputée pour ses pâtisseries à la praline, c'est bien une cerise que l'Olympique lyonnais de Pierre Sage espère mettre sur le gâteau.