Canoë-kayak : un ancien champion du monde reconverti entraîneur condamné à de la prison après des agressions sexuelles sur mineurs
Quatre ans de prison, dont un an avec bracelet électronique et trois avec sursis probatoire, ont été requis vendredi à Rennes à l'encontre de l'ancien champion du monde de canoë-kayak, Jean-Yves Prigent, pour deux agressions sexuelles sur mineurs de plus de quinze ans.
Âgé de 70 ans, cet entraîneur influent a reconnu vendredi devant le tribunal correctionnel de Rennes ces deux agressions, avouant avoir «caressé le sexe» de deux adolescents qu'il entraînait et qui dormaient, à son invitation, sur la même couchette que lui dans son camping-car. Les faits se sont produits au cours de deux nuits successives en mars 2024, en marge d'une compétition de kayak à Châteauneuf-sur-Cher, dans le Centre-Val de Loire.
«J'ai des regrets et des remords au quotidien», a répété lors de l'audience le prévenu, figure du petit monde du kayak français et père de Camille Prigent, vice-championne d'Europe de cette discipline et qui participera aux Jeux Olympiques cet été.
Ces actes «ne représentent pas ma personne, ni cinquante ans de militantisme auprès des jeunes (kayakistes) qui s'effondrent en deux soirées (...) C'est ça qu'on va retenir de moi, j'en ai bien conscience et cela me rend très malheureux», a dit M. Prigent, évoquant «la honte» face à «cette sortie de route».
La représentante du ministère public, Me Margaux Raoul, a requis quatre ans d'emprisonnement, dont une année avec bracelet électronique et les trois autres avec sursis probatoire.
«Pour ces jeunes, ces agressions sexuelles mènent à l'annihilation de la confiance en soi (...) la remise en cause de leur futur» dans le monde du kayak, a-t-elle estimé.
L'avocat des parties civiles, Me Thomas Serrand, a dénoncé un «processus d'emprise (...) bien rodé», réfutant la thèse du prévenu selon lesquelles ces agressions sexuelles ont été «des actes isolés».
Il s'agit du «point d'orgue d'un processus qui avait commencé bien avant», a-t-il assuré, citant notamment des invitations répétées du prévenu aux jeunes qu'il entraînait à dormir dans le même lit dans son appartement et des centaines de messages «déplacés», comme «Je me couche en pensant à toi».
«La vérité, c'est qu'il avait une véritable attirance pour les mineurs. Vis-à-vis des parents, il était insoupçonnable», a-t-il accusé, estimant que depuis que les jeunes avaient témoigné contre leur entraîneur, «ils étaient ostracisés» dans le monde du kayak.
L'avocate de M. Prigent, Me Cassandre Férard, a rappelé qu'une expertise psychologique avait établi la «non-dangerosité» de la personnalité du prévenu. «C'est rare d'obtenir des aveux dans des affaires d'agression sexuelle», a-t-elle souligné.