Six Nations féminin : pour les Bleues, un exploit monumental ou une énième désillusion

Le mot impossible n’est pas dans le vocabulaire des Bleues. Et pourtant… L’heure n’est pas à l’optimisme alors que se profile, ce samedi dans l’arène majestueuse de Twickenham, l’habituelle finale du Tournoi des six nations. Attention, l’heure n’est pas à l’optimisme pour... les observateurs. Les joueuses du duo David Ortiz-Gaëlle Mignot, elles, sont prêtes.

«C’est sûr que pas grand monde nous voit gagner. Mais si on part avec cet état d’esprit là, ça va être compliqué. Forcément, il va falloir qu’on soit toutes à 100%. On sait que l’Angleterre, c’est une grosse équipe, mais on sait qu’on est capable de les battre. Elles sont comme tout le monde», posait, mardi à Marcoussis, la demie de mêlée Pauline Bourdon-Sansus, l’une des cadres du groupe.

Les «Red Roses» n’ont plus perdu dans le Tournoi depuis 2018

Comme tout le monde, oui, mais avec une série d’invincibilité impressionnante. Les «Red Roses» n’ont plus perdu dans le Tournoi des six nations depuis 2018 et une défaite à Grenoble face à la France (le dernier titre français dans la compétition). Mieux encore, les Anglaises ne se sont plus inclinées depuis 2022 et la finale perdue face à la Nouvelle-Zélande. Cette année, les Anglaises n’ont infligé que des corrections : 38 points face à l’Italie, 67 face aux Galloises, 49 contre l’Irlande et 59 contre l’Écosse… ET l’Angleterre sait très bien que ce match face aux Tricolores comptera double, elle qui accueillera la prochaine Coupe du monde du 22 août au 27 septembre prochain.

«On ne l’aborde pas trop en disant qu’elles sont forcément plus fortes que nous. On l’aborde en disant qu’il y a des failles et qu’il faut rentrer dans ces failles», reste persuadée la pilier Yllana Brosseau. «Depuis 2018, on court après ça. On a envie de regagner un titre toutes ensemble. On est juste excitées. Beaucoup d’excitation... On a hâte d’être au coup d’envoi, tout simplement», embraye Pauline Bourdon-Sansus.

État d’esprit et caractère

Pour espérer un titre – un troisième après les sacres des moins de 20 ans et du XV de France masculin dans le Tournoi en 2025 –, il faudra en faire plus. Bousculées, et même menées, en Italie lors de la dernière journée, les Bleues n’ont pas rassuré. Leur jeu offensif, moins flamboyant, leurs lacunes sur les ballons portés, leur jeu au pied de déplacement ou leur indiscipline non plus.

Tant qu’on est ensemble, il ne peut rien nous arriver

Pauline Bourdon-Sansus

«On connaît nos forces, on connaît nos faiblesses et on y a beaucoup travaillé dessus. On a bien débriefé le match contre l’Italie. Je pense que c’était important», analyse Brosseau. Pauline Bourdon-Sansus, elle, loue l’état d’esprit du groupe, qui lui a souvent permis de se sortir de situations délicates. «On bosse fort, on bosse bien. Tant qu’on est ensemble, il ne peut rien nous arriver. On n’est pas forcément plus inquiète que ça. On est une équipe qui ne lâche rien, qui se bat. Et peu importe ce qui peut nous arriver dans le match, on sait qu’on ne lâchera rien jusqu’à la fin. On a su le montrer sur les matchs précédents et sur les années précédentes aussi. On doit s’appuyer sur notre état d’esprit, sur notre caractère et espérer passer un bon moment ensemble samedi. J’espère qu’il se passera quelque chose...»

La semaine des Bleues avait pourtant mal commencé, avec les blessures de trois joueuses clés : Romane Ménager (commotion), Séraphine Okemba (commotion) et Montserrat Amédée (épaule). «Forcément, c’est compliqué car on perd quand même des cadres. Malheureusement, ça fait partie du jeu. Il faut juste être présente pour elles. En plus, elles ont pu rester avec nous cette semaine et c’était important pour le groupe qu’elles soient avec nous», répond la demie de mêlée, dernière rescapée de la victoire tricolore en 2018.

À Marcoussis, ce mardi, le groupe s’était montré détendu, avec une grosse concentration sur les exercices proposés. L’insouciance d’une équipe de plus en plus jeune se fait sentir et apporte un véritable vent de fraîcheur.

De la fraîcheur, il en faudra aux Bleues pour réaliser un exploit grandiose dans une arène de Twickenham qui promet d’être bouillante (plus de 60.000 spectateurs il y a deux ans). On le rappelle, le rugby féminin anglais est professionnel, les clubs sont parfaitement structurés, alors que le rugby féminin français progresse, chaque année, à tous les niveaux, mais pas encore à hauteur des Anglaises. Depuis 2020, toutes les finales ont tourné à l’avantage de l’Angleterre, une équipe plus puissante, plus efficace, plus précise. Malgré la vaillance des tricolores. Le défi qui attend les joueuses du duo Ortiz-Mignot relève de l’impossible. Mais dans le sport, rien ne l’est…