«C’en est fini avec le train, désormais je prends ma voiture» : les Français tentent de s’organiser avant la semaine de grève à la SNCF
Alors que des millions de Français s’apprêtent à profiter du pont du 8 mai pour voyager quelques jours, un mouvement social à la SNCF allant du 5 au 11 mai vient menacer les prévisions de départ. Ce sont d’abord les contrôleurs qui ont été appelés à la grève, mais le mouvement s’est depuis élargi. La CGT-Cheminots prévoit un début de mobilisation dès le 5, et Sud-Rail, troisième syndicat à la SNCF et deuxième chez les contrôleurs, appelle également les conducteurs à cesser de travailler à partir du 7 mai, veille du jour férié. Pas de quoi rassurer ceux qui feront le pont... « Il faut que les usagers puissent avoir rapidement des informations pour pouvoir s’organiser en amont», a prévenu le ministre des Transports, Philippe Tabarot.
Mais pour beaucoup de voyageurs, l’incertitude est déjà là. Le fait que les prévisions du trafic ne soient publiées qu’à 48 heures du départ ne rassure personne. Marie, 41 ans, a tranché : « C’en est fini avec le train, désormais je prends ma voiture. Au moins, je ne dépends que de moi». Comme elle, Clémence, qui prévoyait un aller-retour Paris-Nice du 8 au 11 mai, a renoncé au train : «J’ai décidé de partir en avion. Pris à l’avance, les billets nous coûtaient moins cher, et on est sûrs de pouvoir partir», explique la jeune femme de 37 ans. Certains n’ont pas eu d’autre choix que de revoir l’intégralité de leurs plans. Stanislas, 32 ans, a ainsi modifié ses dates pour éviter le pic des perturbations : «J’ai décalé de quelques jours pour esquiver le week-end. Résultat, je pars du dimanche 4 au lundi 12 mai. Je ne comptais pas partir aussi longtemps à cette période, mais c’était soit ça, soit le risque de ne pas partir du tout...».
«On espère que tout ira bien»
Face à cette désorganisation, certains préfèrent tout simplement rester chez eux. «Ce sera un week-end à la maison, et c’est très sympa aussi», lâche Serge, 59 ans, qui renonce à prendre le moindre risque, lassé des perturbations de la SNCF. Hélène, elle, hésite encore. Depuis Reims, elle doit rejoindre sa famille à Saint-Malo, mais explique que «perdre six heures de trajet en voiture, ce n’est pas possible» pour seulement un week-end. Elle a donc choisi de prendre le train, et depuis «ne sait pas trop quoi faire» face aux menaces de grèves. «On attend et on espère que tout ira bien».
Ce climat d’incertitude touche particulièrement les habitués du train. Apolline, 21 ans, fait souvent l’aller-retour entre Lille et Paris pour voir ses proches. «Je prévois de rentrer le week-end du 8 mai. Cela fait plusieurs semaines que je ne suis pas rentrée, faute de temps, mais ma fac fait le pont, donc c’est l’occasion idéale. Pour l’instant, je croise les doigts… Au cas où mon train serait annulé, un ami qui rentre en voiture m’a réservé une place. Cela dit, je paie mon abonnement TGV Max tous les mois, alors devoir payer les péages et l’essence à la place m’agacerait un peu…», explique l’étudiante.
Même inquiétude pour Jules, 25 ans, qui est supposé partir du 7 au 11 mai au Pays basque : «Je sais que ça risque d’être compliqué, mais je n’ai pas vraiment de plan B. Ça fait longtemps que je ne suis pas parti quelques jours, donc j’espère pouvoir partir... Et quand on voit les prix des billets, on espérerait au moins que ce soit fiable». Pour l’instant, aucun accord n’a été trouvé. Mais comme le résume Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, lors d’une interview donnée à LCI : «On peut s’épargner ça en négociant. C’est encore possible, et c’est nécessaire».