Les dirigeants PS restent dans l’expectative. Quatre jours après leur rencontre avec Sébastien Lecornu, les ténors du parti à la rose, à l’instar des autres oppositions reçues la semaine dernière Rue de Varenne, ignorent toujours les intentions budgétaires du nouveau premier ministre. Une incertitude qui ravive la menace de censure, déjà brandie par les socialistes, lesquels n’excluent pas de renverser le futur gouvernement dès le discours de politique générale si l’élu de l’Eure venait à négliger leurs revendications.
Ce message, Boris Vallaud l’a encore martelé ce dimanche. Invité du « Grand Jury RTL-Le Figaro-M6-Public Sénat », le chef de file des députés PS a exhorté le premier ministre à engager la « rupture » qu’il a promise, tant sur la méthode que sur les orientations budgétaires envisagées jusqu’à présent - au risque, sinon, de chuter dans les prochaines semaines. « On n’exclut aucune hypothèse, ni celle d’un changement radical de la part du gouvernement ni celle d’une censure car les mêmes causes produiront les mêmes effets », a prévenu le député des Landes. En guise d’avertissement, il a enjoint Sébastien Lecornu à « renverser la table » s’il veut espérer obtenir un accord de non-censure avec les socialistes, auxquels l’hôte de Matignon a déjà assuré, selon Boris Vallaud, qu’il ne chercherait pas à débaucher l’un des leurs pour constituer son équipe.
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Passer la publicitéTout en affirmant qu’aucune « négociation » n’est en cours avec le premier ministre, au motif qu’il ignore ses « latitudes », Boris Vallaud n’en pose pas moins ses conditions en ces termes : « Il faut que les Français se disent qu’il (Sébastien Lecornu) s’est fait violence à lui-même, qu’il a dû renoncer à un certain nombre de certitudes, revenir d’une certaine forme d’aveuglement, d’une politique qui ne marche plus », a-t-il plaidé. Et d’appeler, au passage, Emmanuel Macron à « tirer les conséquences » de sa défaite aux dernières législatives afin d’amorcer, après huit ans au pouvoir, un tournant dans le budget 2026. « Il n’y a pas de majorité à l’Assemblée, mais il en est une, indiscutable, dans le pays, c’est la majorité absolue de Français qui veulent le changement », a fait valoir Boris Vallaud, avant de sommer l’exécutif de prêter attention aux « revendications populaires », notamment celles exprimées jeudi dernier lors de la journée de mobilisation syndicale.
Car, au-delà de la stratégie parlementaire, les socialistes entendent occuper l’espace politique : « Notre souhait, c’est d’être utiles aux Français tout de suite et pas seulement en attendant 2027 ou une hypothétique dissolution », a indiqué le député PS. L’occasion pour lui de vanter à nouveau les mérites de la taxe Zucman - qui propose d’imposer à hauteur de 2 % par an les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros - pour faire avancer son agenda de « justice fiscale », et de plaider pour une révision de la réforme des retraites. « Il va y avoir beaucoup à réparer du macronisme, à la fois dans ce qui a été conduit comme politique, mais aussi dans la façon de faire de la politique », a ajouté Boris Vallaud, précisant qu’il n’avait, à ce stade, aucun nouveau rendez-vous prévu avec Sébastien Lecornu.