Éboulement sur la RN 90 en Savoie : pourquoi il n'y a pas forcément de lien avec le réchauffement climatique

"Huit kilomètres en cinq heures" : après un week-end très compliqué sur la RN 90 en Savoie, la circulation restait difficile lundi 3 février vers les stations de la Tarentaise, au surlendemain d'un éboulement sur la principale route d'accès qui a paralysé le trafic et poussé des centaines de naufragés de la route à s'arrêter dans les hébergements d'urgence proposés dans plusieurs villes de Savoie. 

Si certains font un lien entre la chute de ses trois blocs, d'un volume total de 50 m3, depuis le sommet de la falaise, à 200 mètres de haut, avec le dérèglement climatique, toutefois, ce n'est pas si simple. On le sait : le réchauffement de la planète a bien des conséquences sur nos montagnes. Mais, dans ce cas précis, les deux phénomènes ne semblent pas liés. En effet, chaque hiver en basse et moyenne altitude, la roche subit gel et dégel successif, ce qui la fragilise et cause des éboulements.

Un phénomène naturel qui s'accentue

Un phénomène classique, assurent les spécialistes : "Il n'y a vraisembablement aucun lien entre ce qui s'est passé ce week-end et le réchauffement climatique", explique ainsi Ludovic Ravanel, géomorphologue, directeur de recherche au CNRS et membre de la Compagnie des guides de Chamonix.  Mais les montagnes sont aussi soumises à des coups de chaud de plus fréquent, en été notamment, qui dilate la roche, ainsi qu'à des pluies plus intenses qui les fragilisent. Dans ces cas-là, cela peut également provoquer des éboulements. 

Toutefois, au-dessus de 2 500 mètres, en revanche, pas de doute : le réchauffement climatique fragilise nos montagnes. Les éboulements sont de plus en plus nombreux à cause de la fonte du permafrost, ces sols gelés en permanence, durs comme du ciment, qui maintiennent des pans entiers de roches. En dégelant, le permafrost, qui est chargé de matière organique, déstabilise les sols et relâche également d'immenses quantités de gaz à effet de serre... qui risquent d'amplifier encore plus le réchauffement global. Ce permafrost risque de disparaitre totalement sous les 4 300 mètres d'ici la fin du siècle, selon les projectoins les plus pessimistes.