Sébastien Thoen, maître de cérémonie des premiers Auguste de l’humour : «J’espère de vrais accidents!»
Après les César, les Victoires et les Molières, l’humour aura ses Auguste ! « J’ai observé son évolution formidable d’art mineur en art majeur, qui occupe une place énorme, nécessaire dans la société d’aujourd’hui, c’est une valeur refuge», confiait Grégoire Furrer au Figaro l’an passé lors du l’annonce du projet. Le fondateur du Montreux Comedy festival il y a 35 ans et de Lillarious il y a quatre ans a ainsi inscrit la cérémonie dans le cadre de cette manifestation, concomitante aux États généraux de l’humour.
Lundi 3 février à Lille seront ainsi décernés les premiers Auguste de l’humour. Auguste du nom du sculpteur de pop art créateur du trophée baptisé Smile ; du nom aussi, dans l’histoire romaine du descendant de César ; mais aussi et surtout d’un personnage emblématique de l’univers du clown. Le jury, composé de 32 personnes (producteurs, directeurs artistiques, programmateurs de salles ou de festivals, journalistes...) tranchera parmi les 5 nommés au titre de l’Artiste d’humour : Redouane Bougheraba, Gad Elmaleh, Florence Foresti, Michaël Gregorio et Alban Ivanov. Sept autres catégories sont prévues. La cérémonie sera présentée par le trublion Sébastien Thoen, à la tête d’un talent show sur Comédie+ «Faites nous rire». Le comédien et animateur nous en dit plus sur sa mission. Premier degré s’abstenir !
LE FIGARO - Vous avez dit rêver de présenter les César. D’un empereur l’autre, les Auguste sont-ils un bon tremplin ?
Sébastien THOEN- Mais oui ! J’adore l’idée de la cérémonie, c’est un mélange de one man show, de spectacle collectif, de mise en valeur des autres, de fête. On est dans les César, les Oscars, le Téléthon, Intervilles… J’aime le côté grande kermesse où l’on présente plein de gens. C’est ma première fois, j’espère me débrouiller.
Pourquoi accepte-t-on d’être maître de cérémonie? C’est une mission casse-gueule, souvent critiquée...
J’aime qu’on me voie, j’aime aller dans le Nord, j’aime l’argent. Rien que ça, ce sont de bonnes raisons ! Si je fais un bide, je ne suis pas la vedette de la soirée, ce n’est pas grave, ce sera vite oublié. Et si ça se passe bien, les gens diront : «Ah il est pas mal lui, c’est qui déjà ? Camille Combal ? Olivier Minne ?» C’est casse-gueule, oui et non. Il faut être sympa, détendu, énergique. La cérémonie doit être sérieuse, puisqu’elle récompense des humoristes, sans se prendre au sérieux. On se marre avec eux, grâce à eux, pour eux… Cette soirée a une valeur de test. Si elle est bien, on en refera une l’an prochain !
Est-il plus facile de faire rire des humoristes que des gens de cinéma ?
Hmmmm... Les gens de cinéma se la pètent mais ça leur va bien, ça fait partie du contrat. Il faut avant tout qu’ils nous fassent rêver dans leurs films. Et c’est pour ça qu’ils font des pubs pour Chanel ! Les humoristes ne sont pas drôles dans la vie pour la plupart, mais, avec un public, une scène, une bonne ambiance générale, je pense qu’on va se marrer. Même avec ceux qui perdent. C’est plus un spectacle qu’une compétition.
Le dossier de presse met en effet l’accent sur le spectacle que sera cette soirée…
C’est aussi pour faire rêver les journalistes, vous êtes tellement blasés ! On aimerait, comme l’ambiance est à la rigolade, que celui qui a gagné fasse un petit sketch. Mais aussi que celui qui perd monte sur scène faire le show en hurlant. Que les remettants fassent des happenings… Certains sont briefés, pour les autres on espère !
Comment avez-vous travaillé avec Thierno Thioune, metteur en scène de stand up qui vient de la danse classique !
Je lui ai évidemment laissé les jetés et pas de danse car il y aura effectivement des danseurs sur scène ! J’ai gardé l’humour, le music-hall, le cabaret, l’impro.
Avez-vous écrit tous vos textes ?
Oui, contrairement au présentateur des César qui a souvent une équipe d’auteurs, j’ai la prétention de faire ça seul.
Quid des remettants ?
Pour une jeune révélation scène, par exemple, c’est un ancien qui viendra, comme un passage de témoin. Je vous livre un scoop, ce sera un inconnu pas anonyme du tout, Pascal Légitimus !
Les talents nommés jouent-ils le jeu et seront-ils présents ?
On parle beaucoup des acteurs mais les gens qui font du one man ou du one woman show ne pensent aussi qu’à eux. Ils sont particulièrement autocentrés. Je rigole ! Oui, la plupart ont joué le jeu, ils seront là ou enverront une petite vidéo. Mais il faut comprendre, les César, les comédiens le notent dans leur agenda pour faire en sorte de ne pas être au Cap Ferret ou à l’île de Ré. Là, pour les gens de l’humour, c’est nouveau et on leur dit de venir lundi 3 février à Lille… S’ils sont en tournée ou sur un tournage de films, ils ne vont pas casser leur planning pour nous. Mais je vous rassure, il y aura du monde.
Les récompenses et la reconnaissance de vos pairs vous importent-elles ?
Je n’en ai pas eu beaucoup, donc évidemment ça me touche. Mais ce qui me plaît, c’est quand la récompense est festive. Et, pour qu’on se démarque, j’espère que ceux qui ne vont pas gagner vont crier au scandale car tous ceux qui sont nommés méritent le prix. J’espère de vrais accidents, quelqu’un qui va monter sur scène et voler un prix !