«Ce n’est pas une surprise, mais ce n’est pas pour autant une bonne nouvelle». Quelques heures après les annonces chocs de Donald Trump, qui a instauré une salve de droits de douane sans précédent partout dans le monde, les acteurs français des cosmétiques regroupés au sein de la FEBEA digèrent difficilement la nouvelle.
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Certes, cette filière très exportatrice qui craignait d’être ciblée plus que les autres, échappe à des sanctions différenciées comme celles qui toucheront l’automobile dans la nuit de jeudi à vendredi. Mais cette surtaxe douanière de 20% sera loin d’être indolore pour des acteurs des parfums, maquillage, crème de soin et autres cosmétiques de prestige, qui exportent près de 3 milliards de produits par an outre-Atlantique. Soit 12,6% de leurs exportations. Premier marché au monde pour les cosmétiques, comme pour les vins et spiritueux, les États-Unis sont ainsi un débouché majeur pour une filière qui œuvrait en coulisses depuis des semaines pour ne pas se retrouver dans l’œil du cyclone. En vain.
Sacs à main, vêtements et bijoux
Autre secteur très touché: celui de la mode et de la maroquinerie de luxe, par nature Made in France. Eux aussi devront affronter cette nouvelle donne tarifaire qui s’appliquera à partir du 9 avril aux produits européens entrant sur le sol américain. Et ce alors que les géants du secteur attendaient l’année 2025 comme celle du rebond américain, après un recul des expéditions françaises de cuir de 1% en 2024, selon le syndicat Alliance France Cuir. Même si certains acteurs du secteur comme Hermès estiment que les hausses de prix consécutives à ces surtaxes devraient moins affecter une clientèle très aisée, et qu’ils disposent de circuits de distribution alternatifs (les clients peuvent venir faire du shopping en Europe), la nouvelle a fait l’effet d’une douche froide.
En Bourse, les titres des acteurs de ses secteurs souffraient ainsi ce jeudi matin. Si le titre de l’Oréal reculait légèrement à l’ouverture de la Bourse de Paris (-0,15%), celui de LVMH, présent à la fois sur les vins, la mode, la maroquinerie et les cosmétiques cédait 3,5% autour de 10 heures. Le numéro deux mondial Kering (Gucci, Yves Saint Laurent, Balenciaga....) reculait quant à lui de 3%.
Craintes d’une nouvelle escalade
Au-delà de ces réactions à chaud, les acteurs de la filière qui doivent rencontrer le Président de la République en début d’après-midi, craignent que ces mesures ne soient les premières d’une longue escalade. Dans les rangs du syndicat de la FEBEA, l’instauration de « demi-tarifs » par le président américain est interprétée comme une forme de menace. «On comprend bien que c’est une façon de dire: si la rétorsion de l’Union Européenne est trop forte, alors je double les tarifs», déplore son délégué général Emmanuel Guichard. Les négociations ne font que commencer.