«Il n’y aura que des perdants» : les nouveaux droits de douane de Trump font trembler les constructeurs automobiles

«Il n’y aura que des perdants» : les nouveaux droits de douane de Trump font trembler les constructeurs automobiles

Les mesures annoncées par Donald Trump inquiètent les constructeurs et équipementiers automobiles. (Photo d’illustration) LOIC VENANCE / AFP

Le président américain a annoncé mercredi l’imposition, dès le 2 avril, de droits de douane de 25% sur les véhicules importés aux États-Unis. Les entreprises du secteur s’insurgent contre cette nouvelle escalade commerciale.

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La nouvelle escalade de Donald Trump dans sa guerre commerciale fait trembler le secteur automobile mondial. Le président américain a annoncé mercredi 26 mars de nouveaux droits de douane à 25% dès le 2 avril, qui toucheront tous les véhicules importés aux États-Unis, mais aussi les pièces détachées utilisées par les usines américaines. «Nous demandons instamment au président (Donald) Trump de tenir compte de l’impact négatif des droits de douane non seulement sur les constructeurs automobiles mondiaux, mais aussi sur l’industrie nationale américaine», a réagi Sigrid de Vries, directrice générale de l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA).

Il n’y aura «que des perdants» dans «la guerre commerciale qui s’ouvre» avec les États-Unis, a de son côté estimé la Plateforme automobile (PFA), qui rassemble les grands constructeurs et équipementiers présents en France. «Pour l’Europe, ce conflit intervient au pire des moments, sur fond de transformation historique, de crise du marché et d’intensification de la concurrence», a souligné la PFA. Le ministre de l’Économie français Éric Lombard a quant à lui déclaré sur France Inter que ces droits de douane étaient «une très mauvaise nouvelle et un acte non coopératif». «L’agressivité augmente», a-t-il observé, ajoutant que «la seule solution pour l’Union européenne va être à son tour d’augmenter les tarifs douaniers envers les produits américains».

«Un signal fatal pour le libre-échange»

Les constructeurs automobiles allemands ont eux aussi dénoncé cette décision qui constitue selon eux «un signal fatal pour le libre-échange». Les 25% de droits de douane supplémentaires «représentent une charge considérable pour les entreprises et les chaînes d’approvisionnement mondiales» de l’industrie automobile, «avec des conséquences négatives, notamment pour les consommateurs, y compris en Amérique du Nord», a estimé la fédération des constructeurs automobiles allemands dans un communiqué.

Le gouvernement allemand a appelé l’Union européenne à apporter une «réponse ferme» à la décision américaine. «Il doit être clair que nous ne nous inclinerons pas devant les États-Unis», a déclaré dans un communiqué le ministre de l’Économie et vice-chancelier Robert Habeck, alors que l’important secteur automobile allemand va être touché de plein fouet par ces mesures.

L’industrie automobile britannique appelle quant à elle Londres et Washington à trouver «un accord» pour éviter des droits de douane, après l’annonce «décevante» de Donald Trump. «Plutôt que d’imposer des droits de douane supplémentaires, nous devrions explorer les moyens de créer des opportunités pour les constructeurs britanniques et américains», a réagi Mike Hawes, directeur général de l’association sectorielle SMMT.

Les constructeurs américains également inquiets

Le Royaume-Uni est actuellement en négociations avec les États-Unis pour tenter de conclure un accord économique qui lui permettrait d’échapper aux droits de douane américains qui s’abattent sur de nombreux pays depuis des semaines. Le Royaume-Uni ne «souhaite pas faire quoi que ce soit qui puisse intensifier ces guerres commerciales», a assuré sur la chaîne de télévision Sky News la ministre britannique des Finances Rachel Reeves, interrogée sur l’éventualité d’une riposte de Londres à l’annonce du président américain. «Il n’y a aucun gagnant dans une guerre commerciale ou une guerre des droits de douane. Le développement et la prospérité d’aucun pays n’ont été obtenus en imposant des droits de douane», a de son côté déclaré le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Guo Jiakun, lors d’un point presse régulier.

Les constructeurs américains sont aussi concernés, étant donné que leur modèle économique intègre largement le Mexique et le Canada où ils possèdent des usines. Il est «crucial» que les droits de douane ne fassent pas «monter les prix pour les consommateurs», ont prévenu jeudi Ford, GM et Stellantis via un communiqué de l’association professionnelle des constructeurs américains (AAPC), plaidant pour la «compétitivité» de la production automobile «nord-américaine», intégrant donc le Canada et le Mexique. Même Elon Musk, proche allié de Donald Trump, craint d’y laisser des plumes. Les nouveaux droits de douane auront un effet «non négligeable» sur le coût de production des Tesla, via les pièces détachées importées, a prévenu son patron.