Bordeaux : après trois semaines, le blocage de l’université Montaigne est de plus en plus contesté à l’approche des examens
«Montaigne mobilisée» ou «Vive le blocage», peut-on lire sur les murs tagués du campus de Pessac, où les cours sont arrêtés depuis le 24 mars. Certains sont assurés en distanciel. L'AG Montaigne, qui regroupe les étudiants à l'origine de la mobilisation, accuse la présidence de l'université d'avoir réduit de 15% son budget de fonctionnement et de 30% celui des investissements, et lui demande «l'ouverture totale des enveloppes» financières.
«Les crédits n'ont pas été coupés. Leur réouverture partielle et graduelle est en fonction des annonces et des engagements budgétaires de l'État», a répondu dans un communiqué le président de Bordeaux-Montaigne, Alexandre Péraud. D'autres revendications plus spécifiques, comme l'intégration d'étudiants dans la cellule de signalement des violences sexistes et sexuelles, ont été formulées. Une idée rejetée par le président qui dit s'appuyer sur des recommandations du ministère de l'Enseignement supérieur.
Les coupes liées à l'enseignement supérieur dans le budget du gouvernement Bayrou sont estimées à plus d'un milliard d'euros, selon les syndicats. «À l'échelle nationale, cela représenterait quelque 30.000 places en licence et Master supprimées à la rentrée 2025», indique Yanis Jaillet, secrétaire général de l'Union étudiante Bordeaux.
«La mobilisation a duré trop longtemps»
Son syndicat était «favorable» au blocage «car ces coupes budgétaires représentent une véritable menace». Mais pour lui, «la mobilisation a duré beaucoup trop longtemps et un épuisement général s'est installé chez les élèves et les professeurs». De son côté, «l'Unef ne soutient pas le blocage comme moyen d'action, même si on fait tout notre possible pour défendre les revendications, justes, des étudiants», affirme Simon Petit, co-trésorier de l'Unef Bordeaux qui reconnaît un «mécontentement grandissant» face à la situation.
«Liberté d'étudier», un groupe Instagram rassemblant près de 200 personnes, s'est créé pour dénoncer le blocage et appeler au retour à «un cadre d'études normal et propice à l'éducation». Sur le campus, «beaucoup râlent mais ils ne viennent pas voter aux AG. Ceux qui se mobilisent sont surtout les pro-blocages et il est ainsi reconduit de semaine en semaine», regrettait mercredi une étudiante en M2 d'anglais, qui préfère taire son nom «vu la tension qui règne à la fac».
«Moi je suis venue à la première AG mais on s'est fait huer, alors j'ai préféré ne plus participer», indique pour sa part Maddy, étudiante en Sciences de l'information et de la communication, qui ne sait pas si les partiels pourront avoir lieu.
Dans un communiqué, le président a dit entendre les revendications du comité de mobilisation. «Nous devons aussi entendre celles qui émanent des collectifs de personnels et d'étudiants qui s'organisent et nous adressent - de manière désormais massive - des demandes de plus en plus pressantes de retour sur site.»